Le Temps: Que penser de cette forte présence de patrons étrangers?
Roland Müller: Dans un monde globalisé, la planète rétrécit énormément. Ce qui a forcément des conséquences sur la fonction de chef d’entreprise. La nationalité de celui-ci, dès lors, importe moins que son expérience et ses connaissances des marchés étrangers. D’un point de vue social, cependant, il importe que ces responsables s’intègrent s’ils restent longtemps parmi nous. On critique souvent le fait qu’ils ne le font pas. A leur décharge, rappelons qu’ils sont souvent en déplacement à l’étranger pendant des mois, voire toute l’année. Ce qui ne rend pas leur participation à des associations très aisée.
– Ces forces vives sont-elles une force ou une faiblesse?
– Il est bon pour la Suisse que ces grandes entreprises multinationales s’établissent dans notre pays. Et il serait faux d’exiger qu’elles soient dirigées exclusivement par des Suisses. La culture d’une entreprise dépend principalement de ses collaborateurs. C’est une conséquence naturelle de ce monde interconnecté. Les marchés ont une portée internationale et se rattachent de moins en moins à un seul pays. Corollaire de cette évolution: le savoir-faire, lui aussi, circule à l’échelle supranationale.
– Qu’apportent ces personnes?
– Leurs expériences personnelles et des connaissances indispensables pour des entreprises aux activités mondiales. Et l’ensemble de l’économie suisse en profite. Leur ouverture internationale, la maîtrise des langues, la connaissance de diverses technologies, cultures et de divers débouchés peuvent constituer pour une société un atout concurrentiel de taille.
– La Suisse ne forme-t-elle pas assez de cadres?
– La possibilité d’un transfert de connaissances de patrons étrangers à des cadres suisses est très importante. Souvent, ils vont se perfectionner à l’étranger. Ces personnes vont faire leurs expériences avant de revenir en Suisse .