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Sciences et Innovation. Automobile, horlogerie: l'Ecole d'ingénieurs de Genève attire les grands de l'industrie

La haute école spécialisée développe différents projets novateurs, à l'exemple d'un prototype de voiture légère qui ne polluerait pas grâce une bioessence développée à partir de déchets végétaux.

La pratique devient de plus en plus courante. Des entreprises contactent les hautes écoles spécialisées (HES) pour obtenir une prestation de services ou monter un projet de recherche en commun. L'Ecole d'ingénieurs de Genève (EIG), membre du réseau HES de Suisse occidentale (HES-SO), en constitue un parfait exemple. Celle-ci a développé des compétences spécifiques qui attirent différentes entreprises, à l'exemple de LEM, Patek Philippe, Rolex, Xemics, Charmilles Technologies, Salomon, Parker Lucifer ou Similor.

Avec ses quelque 500 étudiants, répartis dans six filières de formation (télécommunications, informatique, microtechniques, mécanique, génie civil et architecture), l'EIG assure bien évidemment, en cette rentrée académique, sa mission d'enseignement. Mais elle a également comme objectif de transmettre ses innovations à l'industrie. Comme le résume son directeur, Jean-Marie Duret, «l'EIG parvient aujourd'hui à faire descendre une technologie savante vers des applications utiles aux besoins de l'économie». Ainsi, sur un budget total de 27 millions de francs, le produit des prestations de recherche appliquée représente plus de 5 millions par année. Une somme qui émane certes de la Commission fédérale pour l'innovation, de projets européens ou de la réserve stratégique de HES-SO, mais également de différentes fondations et de mandats d'entreprises privées.

L'EIG possède, par exemple, un laboratoire de physique architecturale et un laboratoire des procédés environnementaux qui attirent tout particulièrement les collectivités publiques, qui cherchent à résoudre des problèmes liés à l'utilisation rationnelle de l'énergie, à la qualité de l'air et de l'eau ou au traitement des déchets. Des sociétés, également, font appel aux services de la HES. On peut citer le cas d'ElsaMetal à Genève, une entreprise qui développe une technique de recyclage des métaux provenant des effluents industriels. «Nous cherchons à élargir cette technique à de nouveaux champs d'application, tels que celui des usines d'incinération», note Jean-Marie Duret.

Autre exemple: celui de la société Biocarb qui produit un carburant à partir de déchets végétaux (LT du 20.09.05). «Avec Biocarb, nous développons une bioessence utilisable dans n'importe quel moteur. L'Ecole a mis au point un prototype de voiture légère pour optimiser le biocarburant ainsi que le fonctionnement du moteur et la consommation du véhicule.» Cette technologie est en phase expérimentale. «A terme, nous souhaitons développer un projet de véhicule urbain léger qui ne polluerait pas.»

Parmi les autres groupes de compétences de la HES, il faut citer celui lié à l'ingénierie des surfaces. Ce groupe est en mesure de déposer des couches ultraminces sur différents supports. Les applications finales sont originales: verres autonettoyants ou pistons de moteur. Les ingénieurs travaillent ainsi avec l'industrie automobile et avec celle du bâtiment mais aussi avec le monde horloger. Parallèlement, dans le cadre d'un projet national (MaNEP), dirigé par l'Université de Genève, les ingénieurs de la HES cherchent à développer de nouveaux matériaux à propriétés électroniques exceptionnelles sur des substrats de silicium dans le but de réaliser des capteurs plus performants. «Les retombées industrielles devraient s'avérer extrêmement nombreuses», estime Jean-Marie Duret.

La bio-ingénierie est également un point fort de l'Ecole d'ingénieurs de Genève. Dans ce domaine, les techniques de l'ingénieur sont appliquées au domaine du vivant. La HES collabore, entre autres, avec l'Hôpital universitaire de Genève et la Faculté de médecine pour le traitement des images radiologiques. «Les signaux électromagnétiques des IRM sont analysés par un logiciel mathématique. Cette information tridimensionnelle peut alors être utilisée en temps réel par le médecin et l'aider à faire une intervention ou un diagnostic», constate le directeur de l'EIG.

Dans le domaine de la production de composants industriels, la HES travaille avec Charmilles Technologies pour améliorer la performance de machines à électroérosion. Les ingénieurs de ce groupe de recherche numérisent également des formes tridimensionnelles pour les reproduire rapidement et les faire évoluer. En numérisant un pied, par exemple, on peut développer une chaussure sur mesure: un concept qui a d'ailleurs séduit le fabricant Salomon.

«Si nous avons plusieurs groupes de recherche qui intéressent l'industrie, nous ne prétendons pas, cependant, être les seuls à offrir des technologiques innovantes. Nous sommes un groupe d'ingénieurs, parmi d'autres, au sein de la HES-SO», souligne Jean-Marie Duret.