Difficile d'avoir l'esprit chagrin face aux progrès de Credit Suisse. La deuxième plus grande banque suisse, qui a sorti la Winterthur de ses comptes pour les rendre comparables, publie un bénéfice semestriel record. Quant au 2e trimestre de la gestion de fortune et de la banque d'investissement, il est qualifié d'«historique» par Oswald Grübel, patron du groupe.
Le bénéfice consolidé réalisé par Crédit Suisse entre avril et juin - 2,16 milliards de francs - dépasse de 135% celui de la période correspondante de 2005.
Crédit unique de 474 millions
Pourtant l'accueil des résultats par la Bourse reste frais, même si le bénéfice net correspond à deux doigts près aux attentes des analystes. Comme la veille pour Deutsche Bank, c'est insuffisant pour s'attirer les grâces des investisseurs. Trop de petits défauts gâtent l'impression d'ensemble. C'est manifeste dans la gestion d'actifs, avec un bénéfice en chute de 92% sur base annuelle, pénalisé par une réorientation de l'offre de produits aux Etats-Unis. L'effectif local sera réduit de 300 emplois, pour le ramener à 450 à la fin de l'année. Cette mesure grève les comptes de 152 millions de francs.
La banque d'investissement est plus proche des attentes, le bénéfice étant néanmoins embelli par un crédit de 474 millions dû à des prestations d'assurance pour litiges. Sans cet élément, le résultat net serait moyen.
Certes la division maîtrise mieux ses coûts que dans le passé. Les charges d'exploitation baissent de 21% sur base annuelle, alors que les revenus augmentent de 30%. Pourtant son négoce obligataire affiche un repli de 30% par rapport au premier trimestre et son négoce d'actions une chute de 45%. Ces chiffres sont aussi décevants que ceux de la Deutsche Bank, en recul respectivement de 16% et 53% dans ces deux activités. Les concurrents américains, comme Merrill Lynch et Citigroup ont mieux résisté à l'orage boursier de mai et juin.
Le marché financier fait-il la fine bouche? Il oublie en tout cas qu'il y a un an cette division était empêtrée dans les chiffres rouges, à hauteur de 558 millions.
Le private banking attire de gros montants d'argent frais, 16 milliards. L'expansion sur les marchés européens s'annonce rentable un an plus tôt que prévu, en 2006 déjà. C'est l'aspect positif. Mais les marges sont décevantes. Et la direction, qui refuse d'allécher les gérants par des rémunérations excessives, n'a engagé que 80 conseillers en gestion cette année. Le groupe qui prévoit des marchés d'actions en reprise, maintient ses objectifs pour 2008.