Seringues, neige et lipides freinent le déploiement des vaccins
Logistique
La plus grande campagne de vaccination de l’histoire se déroule sous nos yeux. «Le Temps» lui consacre un suivi mis à jour au gré de l’actualité. Voici les cinq faits saillants de la semaine

La campagne de vaccination contre le covid s’accélère, mais les défis restent nombreux, en Suisse et dans le monde, des usines aux centres d’injection, au gré de la météo et des pénuries de matières premières nécessaires aux fabricants. Cinq faits saillants ont marqué la semaine.
■ Goulet d’étranglement
Ces mots jaillissent de partout. Cette semaine, on apprend par la bouche de Chaz Calitri, un cadre chez Pfizer, qu’ils changent constamment d’endroits, selon les usines et le moment. Où est-ce que ça coince ces jours? La presse évoque les nanoparticules lipidiques, essentielles aux doses à ARNm et rares. Il est question de seringues à «faible espace mort» permettant d’exploiter plus de doses par flacon. Elles manquent, aussi en Suisse. Un cadre de BioNTech signale que des molécules synthétiques font défaut. Il y a une pénurie de sacs géants et stériles, selon le Financial Times. Capables de contenir 2000 litres, ils sont utilisés dans les bioréacteurs où se mélangent les ingrédients des vaccins. L’industrie dit transpirer pour répondre à la demande.
■ Neige et retards
Au Texas, la neige prive des millions de foyers de courant, de chauffage et de vaccins. En Floride et en Pennsylvanie, elle engendre des retards. «C’est un problème», selon l’expert en maladies infectieuses Anthony Fauci. La météo ralentit les livraisons de FedEx à Memphis et d’UPS à Louisville, deux centres de distribution pour le Sud-Est, rapporte le Washington Post, engendrant une cascade de retards ou d’annulations en Alabama, dans l’Indiana, au New Hampshire, en Caroline du Sud, au Tennessee, à Chicago, dans le Missouri. En Grèce aussi, des sites ont fermé à cause de la neige.
■ Ça démarre en Afrique
La campagne commence en Afrique. Des doses sont arrivées, du Zimbabwe à la Guinée équatoriale en passant par le Sénégal, le Tchad et l’Afrique du Sud. Le géant des Emirats DP World s’est allié à la compagnie Emirates et à l’aéroport de Dubaï pour distribuer des vaccins. «Nous utilisons toutes nos infrastructures et notre ancrage géographique», indique son patron Ahmed bin Sulayem. Les ports et terminaux de DP World achemineraient 10% du commerce mondial. Le transporteur aérien Ethiopian et Unicef jouent aussi un rôle clé.
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■ Le poids de l’Inde
Il y a le Serum Institute of India (SII), mais aussi Bharat Biotech, Biological E, Zydus Cadila, Gennova Biopharmaceuticals ou Dr Reddy’s Lab. L’Inde sera le second producteur de vaccins contre le covid après les Etats-Unis en 2021, selon Deloitte. Le cabinet estime à 3,5 milliards le nombre de doses qui y seront produites. «Le manque d’harmonisation réglementaire au niveau mondial m’a déçu», indique le patron du SII, Adar Poonawalla, au Guardian. «A quel point était-il difficile pour les autorités américaines, britanniques et européennes de se réunir à l’OMS et de convenir que si un vaccin était approuvé dans une demi-douzaine de pays, il le serait à travers le globe?»
■ Spoutnik V se déploie
Quinze fabricants dans dix pays (dont le Brésil, l’Inde, l’Iran, la Chine, la Serbie et la Corée du Sud) produiront de quoi vacciner 700 millions de personnes avec Spoutnik V, rapporte le Financial Times. En Russie, six usines fabriqueront le vaccin promis à devenir un symbole phare des exportations russes, comme la kalachnikov, relève le titre anglo-saxon. Mais des doutes subsistent sur la capacité des producteurs à satisfaire la demande qui émane de cinquante pays. Le Kremlin a beaucoup investi dans la création du vaccin, mais moins dans sa distribution.