Un seul absent: Patrick Yaïch, dont l'ombre a plané sur l'audience. Cet avocat d'affaires français avait acquis en septembre 2002 pour 1 franc symbolique un groupe criblé de dettes à ces propriétaires d'alors, Claude Jan (détenteur de 51% des actions) et sa belle-mère Gloria (49%). Promettant monts et merveilles, il ne tient en définitive aucun de ses engagements. A la fin de l'été, il annonce son retrait. Charles-Elie Nicollerat, engagé comme directeur général par Patrick Yaïch, devient alors le nouvel homme fort, reprenant à son tour la totalité du capital. La situation financière empirant, la justice décide au début du mois d'octobre d'un sursis provisoire.
Ce sursis arrivant à son terme, le président du tribunal a tiré hier le portrait actuel du groupe (composé à l'origine de cinq sociétés) sur la base du rapport du commissaire provisoire. Il a rappelé la mise en faillite de Cilo Bike Service (commerce de pièces détachées pour vélos) au début du mois de novembre. Cilo (ancien fabricant de bicyclettes) et Jan SA subiront le même sort. Seuls, Cilo Autos (vente de Fiat, Alfa Romeo, Lancia, Chrysler-Jeep et Toyota) et Jan-Autos (concession BMW) disposent aux yeux du commissaire d'un avenir. Un sursis concordataire a été demandé uniquement pour ces deux entités.
Si Cilo Bike Service et Cilo n'emploient plus personne, Jan SA compte encore 52 salariés. Ces employés travaillent à l'administration, au magasin de pièces détachées et à l'atelier de réparations du groupe. Une partie de ces postes pourraient être repris par Cilo Autos.
Pour les sociétés appelées à perdurer, deux scénarios se dessinent en cas de sursis concordataire. Le premier est proposé par l'actuel propriétaire, Charles-Elie Nicollerat. Pour Jan Autos (17 salariés), «fleuron» du groupe, les activités se poursuivront normalement. Même si BMW entend mettre un terme à la collaboration en cours à fin 2004, selon un représentant de la marque entendu lors de l'audience. Cilo Autos (60 salariés) deviendra pour sa part le courtier de Wincar Trading, société créée le 10 novembre dernier et domiciliée auprès de Me Daniel Schwab, avocat de Charles-Elie Nicollerat. Le projet est le suivant: Wincar Trading, dont les investisseurs sont inconnus, achète sur le marché parallèle des voitures neuves. Ces véhicules sont exposés et vendus par Cilo Autos. Wincar Trading touche l'argent de ces ventes et reverse à Cilo Autos une commission.
Les créanciers avouent leur scepticisme face à cette proposition. Fiat Auto refuse tout sursis. Le représentant du principal créancier, la BCV, qualifie, lui, de farfelus le système proposé et la direction actuelle. Il montre de plus du doigt les prévisions de ventes budgétées, qui se réfèrent à une époque où le groupe disposait encore de la concession Fiat. Si la BCV, tout comme la Caisse de prévoyance, ne s'oppose pas au sursis, elle demande que le patron actuel, Charles-Elie Nicollerat, soit écarté au profit d'un commissaire au sursis aux pouvoirs renforcés. Et réclame la mise en place d'une administration spéciale. Décision la semaine prochaine.