Trois grandes monnaies prises en considération
Jean-Charles Zimmermann avance au moins cinq explications pour justifier son enthousiasme. En premier lieu, soutient-il, les valeurs du SMI devraient «être cotées en euros sur une place européenne dès l'année prochaine. Dans leur allocation d'actifs, les investisseurs internationaux ont l'habitude de ne prendre en considération que les trois grandes monnaies, le dollar, le yen et l'euro. (Avec une cotation en euros), ils vont ainsi se rappeler que les grandes valeurs suisses existent et qu'elles sont très bon marché.»
Deuxième facteur technique positif: la valeur nominale minimale d'une action, aujourd'hui de 10 francs, pourrait être abaissée jusqu'à 1 centime l'année prochaine. Deux projets sont actuellement à l'étude aux Chambres fédérales: le premier vise une valeur minimale de 1 centime, le second de 1 franc. Si l'un des deux est adopté, une action Nestlé de 3300 francs coûtera jusqu'à 1000 fois moins cher. «Nous reviendrions ainsi aux standards internationaux, ce qui attirera un plus grand public et assurera une meilleure liquidité des titres», souligne Jean-Charles Zimmermann. S'ajoute à cela le fait que la mode des rachats d'actions par les sociétés (UBS et Swiss de Ré l'ont fait récemment) va se développer, poursuit-il, ce qui aura pour effet de relever les cours.
Quatrième explication de l'enthousiasme du responsable de Darier Hentsch & Cie: les sommes considérables issues des ventes d'or par la Banque nationale suisse devront bien être placées quelque part, et pourquoi pas dans des valeurs du SMI.
Enfin, la forte croissance de l'économie mondiale, la perspective de la fin de la hausse des taux d'intérêt et l'attente de bons résultats des grandes sociétés suisses pour l'an 2000 concourront, estime Jean-Charles Zimmermann, à un retour des investisseurs vers les actions, helvétiques en particulier.
Fabio Alessandrini, analyste sur le marché suisse auprès de Lombard Odier & Cie, peut aussi être placé dans le camp des optimistes. A ses yeux, le regain d'intérêt depuis mars pour les valeurs défensives, qui composent l'essentiel du SMI, va se poursuivre. Les cycliques, pour leur part, devraient profiter de la croissance économique et les financières des taux qui se détendent et d'une économie américaine en phase d'atterrissage en douceur.
Résultats mi-figue, mi-raisin
En fin de compte, il faut interroger Mirko San Giorgio, responsable du marché suisse auprès de Pictet & Cie, pour obtenir un avis moins positif. Bien qu'il maintienne son objectif à 8200 points pour le SMI dans le courant de cette année (ce qui n'est pas énorme), Mirko San Giorgio incite à la prudence, estimant que les résultats semestriels des entreprises helvétiques sont «mi-figue mi-raisin», hormis ceux des financières, notamment portées par de nombreuses entrées en Bourse en première partie d'année.
Dans la foulée, il craint que les bénéfices des sociétés ne s'estompent peu à peu, alors que c'est leur croissance – ainsi que la correction du Nasdaq – qui avait permis au SMI de décoller ce printemps après des mois de piètres performances.