Technologie
Tout en continuant de creuser ses pertes, le numéro un mondial des plateformes audio a atteint un sommet au-delà de ses attentes avec ses abonnements

Spotify, le fleuron suédois de la tech, vient d’annoncer avoir dépassé les 200 millions d’abonnés payants, mais aussi un plan de suppression de près de 6% de ses effectifs pour adapter ses coûts à sa croissance. Le numéro un mondial des plateformes audio a subi une perte nette de 430 millions d’euros l’an passé – beaucoup plus importante qu’en 2021 (34 millions). Les analystes s’attendaient en moyenne à une perte de 441 millions en 2022, selon Factset.
Vers 13h30, l’action de Spotify prenait 5% dans les échanges électroniques avant l’ouverture de Wall Street, à 105 dollars. Le chiffre d’affaires annuel – qui vient essentiellement des abonnés – dépasse lui aussi légèrement les attentes, avec une hausse de 21% sur un an, à 11,7 milliards d’euros. Le nombre d’abonnés payants du leader mondial du streaming audio a augmenté de 14% sur un an, à 205 millions contre 202 millions attendus par les analystes, tiré selon le groupe par une bonne croissance dans toutes les régions et notamment en Amérique latine.
Des pertes depuis plusieurs années
De récentes campagnes de publicité se sont traduites par un succès, affirme le groupe. Le nombre d’utilisateurs total, y compris ceux de la version gratuite, a lui atteint 489 millions et devrait franchir la barre du demi-milliard à la fin du premier trimestre 2023, selon Spotify. Cette hausse, enregistrée malgré la perte de 2 millions d’utilisateurs en Russie, a notamment été tirée par un nombre croissant d’utilisateurs issus de la génération Z, soit nés à la fin des années 1990, estime Spotify.
«Nous avons bien terminé 2022 malgré une année difficile», affirme le patron suédois et cofondateur du groupe, Daniel Ek, saluant «une excellente croissance» de la plateforme et promettant une «meilleure efficacité» en 2023. Spotify prévoit d’atteindre 207 millions d’abonnés payants fin mars.
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La plateforme basée à Stockholm, mais cotée à New York, a été ponctuellement rentable certains trimestres. Mais elle accuse régulièrement des pertes depuis plusieurs années, malgré une croissance fulgurante du nombre de ses abonnés et une avance sur ses concurrents comme Apple Music ou Amazon Music.
Daniel Ek, 39 ans, avait annoncé la semaine dernière la suppression d’environ 600 postes, sur un total légèrement inférieur à 10 000, dans le sillage d’autres grands noms de la tech mondiale. Il avait reconnu avoir été «trop ambitieux en investissant plus vite que notre croissance de chiffre d’affaires.» Le plan social est le plus gros de la jeune histoire du fleuron scandinave, start-up fondée en 2006 à Stockholm et devenu un des rares grands noms européens de la tech.
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Leader historique du streaming musical légal, Spotify a aussi investi plus d’un milliard d’euros dans le podcast ces dernières années, devenant là encore numéro un mondial. Mais la rentabilité reste encore à démontrer, selon les analystes, de plus en plus dubitatifs. Le développement du podcast a également été source de controverses, notamment avec la star américaine Joe Rogan, accusé de répandre de la désinformation dans ses émissions.
Le groupe, déjà régulièrement critiqué par des artistes célèbres, ou non, pour le paiement jugé insuffisant de chaque stream, avait été contraint de prendre des mesures pour calmer la polémique. Des doutes matérialisés en Bourse: l’action Spotify est à la peine depuis deux ans et a perdu près des deux tiers de sa valeur. La capitalisation boursière est repassée sous les 20 milliards de dollars.