La start-up vaudoise Kireego veut accroître la visibilité des commerces de proximité
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La jeune pousse dématérialise les cartes de fidélité et permet de créer des liens entre les commerçants. La Ville de Renens est la première ville de Suisse à soutenir la mise en place du système

Chaque semaine, Christophe Lukundula prend son avion à Nice, son lieu de résidence, pour se rendre à Epalinges (VD) où il a fondé, avec Massimiliano Rabbi, la start-up Kireego. Cette jeune société cherche à courtiser les commerçants indépendants en proposant une application permettant de dématérialiser les cartes de fidélité qui s’accumulent dans le porte-monnaie ou se perdent au fond d’un sac.
Concrètement, le coiffeur ou le boulanger peut télécharger gratuitement l’application sur l’App Store et créer son propre système de fidélisation. Puis, il doit imprimer un QR Code. Lorsqu’un client entre dans la boutique et effectue un achat, il n’a plus à faire tamponner sa carte de fidélité mais doit simplement, grâce à son iPhone, scanner ce QR Code. Préalablement, l’application de Kireego aura dû être téléchargée par le client. «Les consommateurs restent anonymes. Aucune information n’est donnée quant à leur âge ou leur activité socioprofessionnelle», précise le directeur de la start-up.
Alors que la version finale de Kireego est prévue pour le mois de juillet, la version bêta a déjà convaincu une cinquante de commerçants, dont une vingtaine en Suisse romande à l’exemple d’un garage à Lausanne, d’une lunetterie à Renens ou d’un hôtel à Genève.
«La dématérialisation des cartes de fidélité existe déjà dans d’autres pays. En revanche, la plus-value de notre outil réside dans la possibilité qu’ont les commerçants de se connecter entre eux, explique Christophe Lukundula, un diplômé de l’Ecole hôtelière de Lausanne qui a précédemment dirigé Hotelmark Europe, une société active dans la fidélisation de la clientèle pour l’hôtellerie de luxe. Les points de fidélité enregistrés dans un commerce peuvent être automatiquement cumulés dans un autre magasin du quartier si celui-ci fait partie du même réseau. Les clients ont aussi la possibilité d’échanger leurs points avec d’autres consommateurs.»
Le succès de Kireego dépendra toutefois du nombre d’inscrits. Une version anglaise existe déjà et une version allemande est en préparation. Quant à l’application sur Androïd, elle sera disponible en juillet. «Nous espérons convaincre 1000 commerces – utilisant la version payante – ainsi qu’une vingtaine de grands groupes d’ici au début de l’année prochaine. Nous visons un chiffre d’affaires de 4 millions de francs début 2016 ainsi que la rentabilité début 2015», prévoit Christophe Lukundula.
A côté de toutes les options gratuites, Kireego propose effectivement une série d’outils supplémentaires payants. Ils permettent par exemple d’effectuer des offres promotionnelles ciblées, via smartphone.
«Nous savons que 90% des commerçants utiliseront uniquement la version gratuite. Ce modèle signifie qu’il faut atteindre un volume important d’utilisateurs», souligne le directeur de Kireego. Pour accroître sa visibilité, la start-up a déjà contacté plusieurs associations de consommateurs, à l’exemple de la Fédération des commerçants de Genève ou Gastrovaud. A cela s’ajoute des partenariats avec la Chambre de commerce et d’industrie ou la Fédération des commerçants en France.
La start-up veut également se faire connaître des multinationales dont les employés ont déjà des avantages auprès des commerces avoisinants. «Nous avons lancé un projet pilote avec un groupe romand qui emploie 3000 personnes», explique Christophe Lukundula qui veut aussi se faire connaître des offices du tourisme ainsi que des collectivités. A cet effet, la Ville de Renens est la première municipalité à appuyer la mise en place de ce système qu’elle souhaite mettre à disposition de ses habitants, usagers et commerçants. «Il s’agit d’une solution moderne, gratuite, simple et anonyme, lit-on dans un communiqué de presse de la Ville de Renens. Nous espérons ainsi mettre en place une nouvelle dynamique commerciale.»
Créé en juillet 2012, Kireego, qui figurait parmi les 25 start-up européennes sélectionnées pour le Web Summit, qui se tenait à Londres en mars dernier, a été essentiellement financée par des investisseurs privés à hauteur de 220 000 francs. Luis Bento, le directeur d’Ampco Metal à Fribourg, a participé, à titre privé, à ce financement. Il fut d’ailleurs aussi l’un des investisseurs initial de QoQa.ch lors de son lancement.
Ce premier tour de financement a permis à la start-up d’engager deux ingénieurs. «Nous recherchons actuellement entre 2 à 3 millions de francs supplémentaires. Mais nous ne sommes pas pressés», note Christophe Lukundula
«Les clients peuvent échanger leurs points avec d’autres consommateurs»