Après une longue série de séances préparatoires marathons ces derniers mois – infructueuses –, voici venue l’épreuve du «sprint» final. Aujourd’hui débute la 9e Conférence ministérielle de l’OMC à Bali, censée sortir l’institution de sa léthargie multilatérale.

Il fait près de 30 degrés à l’ombre, tout le monde est dans les «starting-blocks». Où en est-on des pourparlers? «Nous n’avons pas beaucoup de nouvelles fraîches depuis la semaine passée, en tous les cas pas de première main, concernant les sujets les plus sensibles», indique Remigi Winzap, ambassadeur de la Suisse à l’OMC. La confusion règne, chacun y va de son interprétation. L’unique certitude commune pour les quatre jours à venir est que seul un engagement politique fort pourra éviter une disqualification de l’OMC.

«En 2008 à Genève, l’ancien directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, disait que 80% du chemin avait été parcouru. La conférence fut quand même un échec. A présent que nous sommes encore plus proches du but, ce serait dommage de ne pas tenir nos promesses», raconte une source diplomatique. Avec pour inconnue majeure: la position du G33 (46 pays en développement), plus particulièrement celle de l’Inde, acteur clé de la réunion qui a dernièrement fait volte-face dans le dossier agricole. «J’ai cru comprendre que plusieurs pays au sein de ce groupe avaient des difficultés par rapport aux mêmes thèmes», nuance Remigi Winzap, avant d’ajouter qu’un «changement de ligne paraît difficile, mais pas impossible».

Dans l’immédiat, «la priorité pour nous consiste à stabiliser les textes, en évitant de rouvrir les parties [du texte] dépourvues de crochet», signale Remigi Winzap.

Points de désaccord

Autre cheval de bataille pour la Suisse: la facilitation des échanges, où il reste une soixantaine de crochets, ces passages à préciser, sur 600 à l’origine. «Cette sorte de comptabilité est toute relative, étant donné que, parfois, la résolution d’un élément particulièrement sensible a le potentiel d’entraîner le règlement de plusieurs autres aspects du même texte», relève Remigi Winzap.

Ces points de désaccord se répartissent en trois catégories: ceux qui une fois gommés provoqueraient un effet domino vertueux, ceux qui sont tactiques et liés aux demandes du G33, ceux qui se réfèrent à l’embargo américain sur Cuba. «Il est important que Bali réussisse, ce qui n’est pas joué d’avance. D’autant plus qu’il n’y a sur la table aucun problème clairement insurmontable», com­mente encore Remigi Winzap.

«Pas de plan B»

Ce d’autant plus que, en cas d’échec, «il n’y a pas de plan B», résume pour sa part le porte-parole de l’OMC, pour qui le résultat de cette semaine conditionnera par ailleurs le contenu de l’agen­da post-Indonésie.

A en croire l’ambassadeur helvétique, un accord à Bali aurait une portée économique «beaucoup plus importante» que le réseau d’accords de libre-échange bilatéraux conclus par la Suisse en dehors de l’OMC. Fin juillet 2013, l’organisation répertorie dans le monde 575 accords de ce type ou régionaux (et donc pas multilatéraux comme Doha). Dont 379 sont déjà en vigueur.