La Suisse au G20, un précieux strapontin
gouvernance
Isolée dans le dossier fiscal, la Suisse a pu se faire entendre tout au long de l’année
Quatre réunions ministérielles, autant de rencontres préparatoires et des groupes de travail sur la croissance durable ou le système financier international. En 2013, malgré son absence à Saint-Pétersbourg – elle n’est pas invitée au sommet des chefs d’Etat – la Suisse a pu faire entendre sa voix au G20 en participant pour la première fois au volet financier (Finance Track) de l’organisation, sur invitation de la présidence russe.
Fruit d’une bonne relation avec la Russie, cette première expérience est l’aboutissement d’un processus. Depuis 2007, la Suisse participe par exemple aux travaux du Conseil de stabilité financière et plaide pour un élargissement des travaux du G20 aux pays non-membres, pour accroître la légitimité des décisions qui y sont prises. C’est en effet souvent ce «comité de pilotage global» qui donne mandat aux institutions permanentes dans nombre de dossiers qui la concernent, à commencer par les travaux de l’OCDE sur la fiscalité.
«Apporter son savoir-faire»
Régulation des marchés financiers, réforme du Fonds monétaire international (FMI), consolidation des finances publiques pour assurer une croissance durable: en plus des questions fiscales, la Suisse se félicite d’avoir pu «participer à l’élaboration des déclarations finales des réunions des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales», soulignait le désormais ex-secrétaire d’Etat aux questions financières internationales, Michael Ambühl (LT du 30.08.2013). Notamment en «apportant son savoir-faire dans la réduction des déficits».
Les contacts informels sont aussi cruciaux, confirme le SFI. La rencontre entre Eveline Widmer-Schlumpf et son homologue italien Fabrizio Saccomanni, en juillet à Moscou, a permis de relancer les discussions bilatérales en vue d’un accord fiscal.
C’est paradoxalement dans le dossier fiscal que la Suisse pourrait être montrée du doigt cette semaine, malgré sa première participation au Finance Track. Alors que tous les pays du G20 ont désormais signé la Convention multilatérale sur l’assistance administrative, le paraphe helvétique se fait toujours attendre. L’appel à signer ne manquera pas de résonner à nouveau à Saint-Pétersbourg.
Mais le SFI reste convaincu que l’isolement de la Suisse est relatif, les grands pays ayant compris ses impératifs démocratiques.
L’aventure de la Suisse au G20 n’est pas terminée. La délégation suisse prendra part à la prochaine réunion des ministres des Finances, en octobre à Washington. Et les contacts sont intenses avec l’Australie, qui prendra la présidence du G20 en 2014. S’il est trop tôt pour imaginer une participation de plein droit de la Suisse au G20 – selon nos informations, les Pays-Bas sont mieux placés – une nouvelle invitation au Finance Track est espérée. Le suspense reste entier, l’Australie devant renouveler son gouvernement au mois d’octobre.