L'«aimable Suisse», comme la presse allemande présentait Josef Ackermann à son arrivée à la direction de Deutsche Bank en 1996, n'a jamais caché sa conviction que le patron de l'établissement doit disposer d'un pouvoir renforcé. Le Suisse refuse le statut de primus inter pares réservé, aujourd'hui, au numéro un, le «porte-parole du directoire» de la banque. Dans le modèle de management répandu en Allemagne et en vigueur à Deutsche Bank, la direction exécutive est exercée collectivement par le directoire. Ackermann entend, dans son futur rôle de patron, assumer une responsabilité supérieure et distincte de celle endossée par chaque membre du directoire exécutif pour son propre domaine d'activité.
Les étapes de sa carrière pour son précédent employeur, Credit Suisse, dont il fut président de la direction générale en 1993, ont baigné Josef Ackermann dans les places financières de Londres et de New York. C'est tout naturellement qu'il défend aujourd'hui le management dominant dans le monde anglo-saxon et qu'il réfléchit à renforcer la présence de Deutsche Bank à Londres. La banque allemande y a déjà installé des secteurs clés pour son développement, comme la banque d'investissement, le commerce des actions ou la recherche. Des économies de fonctionnement seraient en jeu, pour des centaines de millions d'euros, selon certaines sources.
L'Allemagne et sa place financière francfortoise se sentent soudain très vulnérables face à la mondialisation des flux financiers. Les réflexions qui agitent les étages supérieurs de Deutsche Bank sont un «sérieux signal d'alarme», écrit la FAZ, qui s'inquiète de la perte de compétitivité de l'Allemagne.