Son homologue à l'Union patronale suisse (UPS), la juriste Balladore Derrer, ne partage pas ce point de vue. Elle fait remarquer que, malgré la limite supérieure légale de 45 ou de 50 heures par semaine, la durée effective du travail baisse lentement mais sûrement au fil des années. «Mes grands-parents avaient certainement la semaine de 50 heures. Pour ma part, j'ai commencé ma carrière dans une administration cantonale, avec 44 heures. Actuellement, à l'UPS, c'est 40», raconte Ballodore Derrer. Elle précise que dans certains cas, comme aux CFF, la semaine de 39 heures prévaut et que, dans de nombreuses entreprises, la règle d'or reste la souplesse.
Un élément de négociation
«La durée du travail est un élément fondamental lors de chaque renégociation de la convention collective», ajoute Evald Ackerman, cadre à l'USS. Selon lui, elle baisse de 20 minutes tous les quatre ans. Il rappelle que la centrale syndicale avait lancé une initiative populaire pour une semaine de 36 heures dans les années 1990, qui a été soumise au vote début 2002. Elle a été balayée par plus de deux tiers des suffrages. «Ce sont les travailleurs qui l'ont massivement rejetée. Ils ont compris qu'on ne peut pas réduire le temps de travail sans subir des conséquences négatives, notamment sur les salaires», soutient Balladore Derrer. Pour Evald Ackerman, l'initiative avait été lancée dans une période économique difficile et l'idée était de favoriser un partage du travail avec les chômeurs ainsi qu'avec les femmes. «Il s'agissait aussi de permettre aux salariés d'avoir un peu plus de temps pour la famille et les loisirs», ajoute-t-il.