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En Suisse, la loi fixe un plafond de 45 heures de travail hebdomadaire

La durée du travail baisse d'environ 20 minutes par semaine tous les quatre ans.

Selon les derniers chiffres établis par l'Office fédéral de la statistique, la durée hebdomadaire de travail en Suisse s'élevait à 41,7 heures en 2001. Ceux de 2002 seront publiés début mars; ils seront en très légère baisse. Ces données concernent à coup sûr tous les travailleurs couverts par des conventions collectives qui sont négociées par les partenaires sociaux (employeurs et syndicats), c'est-à-dire juste un peu plus de la moitié de l'ensemble des salariés.

La législation suisse à ce sujet n'est pourtant pas précise. L'article 9 de la Loi du travail prévoit un plafond de 45 heures pour tous les métiers (industrie, administration publique, technique, bureau), mais prévoit une exception de 50 heures dans quelques secteurs spécifiques (foresterie, agriculture). «Ces plafonds sont excessivement élevés et figurent parmi les plus hauts en Europe», proteste Romolo Molo, spécialiste du droit privé du travail à l'Union syndicale suisse (USS).

Son homologue à l'Union patronale suisse (UPS), la juriste Balladore Derrer, ne partage pas ce point de vue. Elle fait remarquer que, malgré la limite supérieure légale de 45 ou de 50 heures par semaine, la durée effective du travail baisse lentement mais sûrement au fil des années. «Mes grands-parents avaient certainement la semaine de 50 heures. Pour ma part, j'ai commencé ma carrière dans une administration cantonale, avec 44 heures. Actuellement, à l'UPS, c'est 40», raconte Ballodore Derrer. Elle précise que dans certains cas, comme aux CFF, la semaine de 39 heures prévaut et que, dans de nombreuses entreprises, la règle d'or reste la souplesse.

Un élément de négociation

«La durée du travail est un élément fondamental lors de chaque renégociation de la convention collective», ajoute Evald Ackerman, cadre à l'USS. Selon lui, elle baisse de 20 minutes tous les quatre ans. Il rappelle que la centrale syndicale avait lancé une initiative populaire pour une semaine de 36 heures dans les années 1990, qui a été soumise au vote début 2002. Elle a été balayée par plus de deux tiers des suffrages. «Ce sont les travailleurs qui l'ont massivement rejetée. Ils ont compris qu'on ne peut pas réduire le temps de travail sans subir des conséquences négatives, notamment sur les salaires», soutient Balladore Derrer. Pour Evald Ackerman, l'initiative avait été lancée dans une période économique difficile et l'idée était de favoriser un partage du travail avec les chômeurs ainsi qu'avec les femmes. «Il s'agissait aussi de permettre aux salariés d'avoir un peu plus de temps pour la famille et les loisirs», ajoute-t-il.