Commentaire
L’annonce de General Electric a de quoi inquiéter. Mais elle n’a rien à voir avec le franc fort

L’annonce de General Electric vient ajouter au sentiment de plus en plus tenace que la Suisse est en train de se désindustrialiser. Il y a de quoi alimenter cette crainte: depuis l’abandon du taux plancher il y a près d’une année, les annonces de hausse de temps de travail, de licenciements, voire de délocalisation se sont multipliées.
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L’industrie suisse vit des moments difficiles, c’est le moins qu’on puisse dire. Concurrence des pays émergents, qui produisent moins chers tout en montant dans la chaîne de valeur, ralentissement de la croissance mondiale et donc de la demande, franc fort ne facilitent pas la tâche d’un secteur dont les marges ne sont déjà pas les plus abondantes.
La Suisse ne se désindustrialise pas
Il faut pourtant relativiser ces inquiétudes. Le redimensionnement de GE, suite à sa fusion avec Alstom, n’a pas grand-chose à voir avec les conditions suisses. D’autant que le groupe américain était déjà tenu de maintenir autant de postes que possible en France pour obtenir l’aval du gouvernement au rachat. D’autres sites allaient payer le prix de cette fusion. Et la Suisse risque de subir encore d’autres conséquences des fusions et acquisitions gigantesques, qui s’accélèrent dans le monde.
Les statistiques ne montrent pourtant pas une désindustrialisation de la Suisse. Ces quinze dernières années, sa contribution est restée élevée et dans le PIB, en comparaison avec les autres pays industrialisés. Proche des 20%, elle est même restée stable.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de danger. Mais cela rend l’existence de sites, comme celui de Romont, que TetraPak a annoncé vouloir quitter en automne dernier, de plus en plus précaire. Et obsolète: l’industrie, qui ne serait pas de pointe, de haute valeur ajoutée, extrêmement innovante, peinera toujours plus à survivre en Suisse. C’est plus vrai que jamais.
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