Avec 706 kilos de déchets municipaux produits par habitant et par an, la Suisse est le troisième plus gros créateur d’ordures en Europe selon l’Office européen de la statistique Eurostat. Elle arrive derrière le Danemark et la Norvège, avec respectivement 781 et 748 kilos par habitant, mais devant l’Islande, dont les citoyens produisent chacun 656 kilos de déchets.

Mais la Suisse se rattrape sur le recyclage, avec un taux de déchets recyclés supérieur à la moyenne européenne. Toutefois, en mai 2018, l’Union européenne a mis en place un programme pour augmenter son taux moyen de recyclage des déchets municipaux, actuellement situé à 46%, à 55% d’ici à 2025, et à 60% en 2030. Entre 2007 et 2017, ce taux a bondi de 35 à 46,4%. Sur la même période, il a stagné en Suisse, passant de 51 à… 52,5%, toujours selon Eurostat. Longtemps présentée comme un modèle du genre, la Confédération est peu à peu rejointe par ses voisins.

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En Suisse, le tri s’effectue à la source

«La Suisse peut encore progresser, notamment sur la conscientisation pour assurer un meilleur tri», admet Xavier Mahue, directeur général de Retripa, entreprise leader du recyclage en Suisse romande. Le programme de recyclage du PET mis en place depuis 1990 a permis d’atteindre un taux de valorisation de 83% selon l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). «En Suisse, le tri s’effectue à la source. Il n’y a pas qu’une seule poubelle à trier avec un mélange de produits recyclables comme dans de nombreuses régions d’Europe», rappelle-t-il.

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Sur d’autres domaines, la Suisse peut encore faire des efforts. Le taux de collecte des piles, par exemple, n’atteint que 67%. «Par contre, il faut bien comprendre que le zéro déchet c’est une utopie, mais réduire ces déchets au profit du recyclage doit être un objectif commun», ajoute Xavier Mahue. Le système de gestion des déchets doit aussi s’adapter aux nouveaux modes de consommation. «Aujourd’hui, nous consommons de plus en plus en ligne, ce qui induit une augmentation des emballages en carton», pointe-t-il.

Des déchets aussi exportés à l’étranger

«En Suisse, les déchets ménagers doivent être incinérés. Nous n’exportons pas nos poubelles, affirme Xavier Mahue. Les plastiques exportés devraient être triés et lavés afin de rester en Europe. C’est une matière valorisable.»

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Si les ordures ménagères restent en Suisse, d’autres déchets sont exportés. En 2017, la Confédération expédiait à l’étranger plus de 365 000 tonnes de déchets spéciaux, sur les 88 millions de tonnes d’ordures de toute nature produites dans l’année, selon l’OFEV. Il s’agit de matières dangereuses, d’origine industrielle ou urbaine, nécessitant des procédures de traitement particulières comme les solvants usagés ou encore les huiles minérales.

S’y ajoutaient 3,7 millions de tonnes d’autres déchets, dont 3,4 millions de tonnes de matériaux d’excavation non pollués. Ces exportations sont encadrées par la Convention de Bâle, qui interdit l’envoi de déchets dangereux vers des pays non membres de l’OCDE. Dans ce cadre, la Suisse importe également environ 368 000 tonnes de déchets pour les traiter sur son territoire.

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