Agroalimentaire
Dès le 1er janvier 2014, apposer la mention «huile végétale» sur les emballages ne suffira plus. En Europe, l’industrie agroalimentaire bascule avec lenteur sur les huiles certifiées. Plus de la moitié de l’huile de palme certifiée «durable» ne trouve pas preneur, selon l’association RSPO
Publiées mardi par l’Office fédéral de la santé publique, les ordonnances alimentaires révisées exigent que mention soit faite de la nature des huiles végétales utilisées sur l’emballage des produits dès le 1er janvier 2014. L’indication «huile végétale» ne suffira plus. Les acheteurs «soucieux de limiter leur consommation d’huile de palme pourront enfin choisir leur margarine en toute connaissance de cause», se réjouit la Fédération romande des consommateurs, estimant que ses «efforts ont fini par payer». Les entreprises du secteur bénéficient d’un délai d’adaptation de deux ans.
Ces nouvelles exigences n’imposent cependant pas de préciser si l’huile de palme est «certifiée» ou non. Plusieurs ONG se sont fait l’écho du contrôle limité sur le terrain du suivi des critères de certification, en particulier les conditions de travail. Il y a «différents types de certifications, certaines permettant aux industriels d’acheter des certificats, d’autres offrant une traçabilité effective», ajoute la porte-parole de la Fédération romande des consommateurs.
Les Pays-Bas en tête de file
La décision suisse fait écho à la lenteur avec laquelle l’industrie européenne se convertit à une matière grasse respectant quelques critères environnementaux, un an après le brouhaha provoqué par le projet – avorté – de surtaxation du Nutella en France.
Rencontré lors de son passage à Genève hier, Darrel Webber, secrétaire général de l’initiative RSPO sur l’huile de palme durable, rappelle que «plus de la moitié de l’huile certifiée actuellement produite ne trouve pas preneur». Un paradoxe auquel doivent répondre les initiatives de l’Allemagne, la France, la Belgique ou le Royaume-Uni – sur les traces des Pays-Bas – afin de mettre en place des structures d’approvisionnement nationales. Objectif? «Assurer une utilisation d’huile intégralement certifiée d’ici à 2015», décrit Darrel Webber. En Suisse, «plus de la moitié de l’huile de palme est certifiée, proportion atteignant quasiment 100% pour les produits fabriqués sur place», précise ce dernier.
L’autre défi reste de convaincre les deux autres poids lourds du marché, la Chine et l’Inde. «Ces pays ne bougeront que dans le sillage de l’Europe. Il faut se souvenir d’où ils sont partis», rappelle le secrétaire général de RSPO.
Cette remarque souligne le fait que, jusqu’à très récemment, le terme «sécurité alimentaire» rimait dans ces pays avec bouches à nourrir. En particulier en offrant des matières grasses financièrement accessibles. Autre fait à prendre en compte: par habitant, l’Europe continue de consommer davantage d’huile de palme que la Chine.