Quelques progrès, mais pas suffisamment pour combler le retard de la Suisse dans l’égalité homme-femme dans les entreprises. «La Suisse se distingue par son incapacité à briser le plafond de verre», déplore Diana van Maasdijk, directrice générale d’Equileap, qui publie ce jeudi une étude mondiale.

La société, qui fournit des données et des recherches sur l’égalité homme-femme, montre que si la participation des femmes est plus grande en Suisse (39% des effectifs sont féminins, contre 37% au plan mondial), cette avance se perd dans les échelons hiérarchiques.

Derrière la France

Le pays s’améliore et fait mieux seulement en termes d’administratrices (27%, contre 26% pour la moyenne mondiale), mais reste loin de la France, par exemple (44%). Elle progressait aussi dans les fonctions dirigeantes (13% contre 10%) l’an dernier, mais est à la traîne (18% au plan mondial, 23% en France) et en ce qui concerne les cadres supérieures (toujours 22% en Suisse, contre 25% au plan mondial et 29% en France).

Lire le rapport de l’an dernier: La Suisse est le pays où les femmes ont le moins de chances d’être promues

«Le plafond de verre est nettement plus important dans certains pays que dans d’autres, notamment en Suisse, en Allemagne et à Hongkong. Ces pays ne manquent pas de femmes dans la population active, mais les femmes n’y sont pas promues au même ratio que les hommes», estime l’étude, qui considère que c’est un «problème notable» pour la Suisse.

Comment y remédier? «Nous analysons près de 4000 entreprises dans le monde, qui représentent plus de 102 millions d’employés, reprend Diana van Maasdijk. Notre recherche montre de façon flagrante l’importance de la législation pour faire avancer la parité. Les meilleures sociétés sont celles dans des pays qui ont mis en place des quotas au niveau des conseils d’administration et des comités exécutifs ou qui requièrent plus de transparence sur les écarts de salaire.»

Novartis, meilleur élève suisse

En Suisse, seules 20% des entreprises publient des chiffres sur les écarts de salaire et toutes affichent encore un écart, souligne l’étude. A noter que seules 19 entreprises dans le monde n’ont plus d’écart de salaire entre les hommes et les femmes (sur près de 4000 sociétés analysées). Cette transparence, sans laquelle «il n’y a pas de changement significatif», poursuit la responsable, «les investisseurs l’exigent de plus en plus au moment d’acheter des actions. De la même manière qu’ils demandent que les entreprises figurant dans leur portefeuille répondent à des normes environnementales, ils sont nombreux à demander qu’elles aient une vraie stratégie en place en matière de parité.»

En Suisse, comme l’an dernier, les meilleures entreprises s’appellent Novartis (score de 64% selon la méthodologie d’Equileap), Zurich Insurance (61%) et UBS (60%). Signe de l’écart avec les autres pays, le premier de ces «bons élèves» se classe 68e au niveau mondial. Signe aussi que la Suisse stagne, avec le même score l’an dernier, Novartis atteignait la 36e place. Le champion de l’égalité se nomme Mirvac, une société immobilière australienne (score de 79%). Equileap utilise 19 critères pour calculer les scores, dont la répartition des postes clés, les écarts de rémunération ou encore les politiques de lutte contre le harcèlement.