Dans la course aux vaccins contre le coronavirus, la Suisse compte bien rester dans le peloton de tête. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a annoncé vendredi avoir signé un accord avec l’entreprise américaine Moderna. Pour 300 millions de francs et 4,5 millions de doses du vaccin aujourd’hui en phase 3 des essais cliniques. Alors que deux doses seront vraisemblablement nécessaires par personne, la Suisse pourra donc espérer vacciner 2,25 millions d’individus. Dans une stratégie diversifiée, la Confédération annonce être en discussion avec plusieurs autres entreprises qui planchent également sur un vaccin.

Stratégie inédite

Classiquement, un vaccin consiste à injecter une version atténuée du virus dans l’organisme afin que celui-ci développe les anticorps nécessaires pour être immunisé contre la maladie. Chez Moderna, on essaie une nouvelle méthode, encore jamais expérimentée. Il s’agit d’exposer directement l’organisme à l’ARN messager, une partie du matériel génétique du virus. Comme l’explique l’OFSP dans son communiqué, «cette molécule indique aux cellules corporelles comment produire une protéine virale qui mènera ensuite à la production d’anticorps».

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Alors que les résultats sur les singes s’étaient avérés prometteurs, Moderna teste, depuis fin juillet, l’efficacité de son vaccin sur un échantillon de 30 000 personnes. Un vaccin en bonne voie donc, mais encore aucune date précise n’est annoncée. La firme américaine, qui travaille en collaboration avec l’entreprise valaisanne Lonza, espère pouvoir terminer la phase de test à l’automne.

Production lancée

«La technologie inédite de Moderna lui permet de développer des vaccins très rapidement», observe Pierre-Alain Wavre, directeur général de Pictet Investment Office, qui a investi dans l’entreprise il y a près de quatre ans. «Une quinzaine de jours après que le Covid-19 a été séquencé, Moderna avait déjà un vaccin. C’est la première société à avoir atteint la phase 3 d’essai clinique et elle produit déjà des vaccins, car lorsque les phases 1 et 2 sont réussies, la probabilité de succès en phase 3 est très élevée.»

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Moderna n’est pas une société de biotechnologie classique qui développe une molécule, «mais plutôt une plateforme reposant sur une technologie applicable dans de nombreux domaines, de la cancérologie aux cosmétiques», souligne encore le spécialiste de Pictet.

Quand débutera la vaccination et pour qui? La situation est encore floue. D’autant que la Suisse n’est pas le seul pays à avoir signé un contrat avec la firme pharmaceutique. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) n’ayant pas souhaité s’exprimer sur les détails du contrat, il est difficile de savoir à ce stade qui pourra bénéficier des premières doses.

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