La Suisse, un «partenaire clé» pour le port de Gênes
Transport maritime
Le port ligure est un point d’entrée stratégique pour de nombreuses marchandises, dont certaines sont acheminées jusqu’en Suisse. Le casse-tête du trafic routier ralentit l’activité portuaire. Mais il est encore trop tôt pour en mesurer l’impact sur l’économie helvétique

Depuis la catastrophe survenue à Gênes, le groupe genevois MSC navigue en eaux troubles. «Les opérations vont subir de lourds retards et il est probable que les routes alternatives que les marchandises devront emprunter entraîneront des coûts supplémentaires», confirme une source interne dans un récent article d’Il Secolo XIX, le principal quotidien génois. Contacté, un porte-parole de la société précise que ce coût ne sera pas répercuté sur les clients.
Un éventuel impact sur le commerce entre l’Italie et la Suisse ne pourra être mesuré que sur le moyen terme
Le numéro deux mondial du transport maritime représente, avec l’armateur danois Maersk, 35% du trafic de conteneurs à Gênes. Le premier port italien, par lequel ont transité près de 70 millions de tonnes de marchandises en 2017, est en difficulté après l’effondrement du pont Morandi. Les poids lourds doivent emprunter des itinéraires alternatifs pour acheminer les marchandises. Une situation qui pénalise les entreprises suisses actives dans la région.
Lire aussi: Gênes: sur les routes de la catastrophe
Ces difficultés pourraient-elles forcer MSC à redéfinir sa stratégie dans la région ligure? «Cela n’aurait aucun sens. Il s’agit d’un site important pour notre société, balaie le responsable. Nous sommes prêts à venir en aide à la ville pour surmonter ce tragique événement.» Le géant des mers a des employés sur place et s’apprête à entrer au capital de l’entreprise génoise Ignazio Messina à hauteur de 49%. Les négociations devraient aboutir en octobre.
Retour à la normale espéré
Le traditionnel ballet des cargos est toutefois scruté avec inquiétude. La compétitivité du port de Gênes est-elle en danger? «Le gouvernement italien, le gouvernement régional et la communauté maritime des ports de Gênes travaillent sans relâche pour trouver une solution qui puisse garantir la pleine efficacité du port. Comme le cœur industriel de l’Europe se trouve à moins de 600 kilomètres de Gênes, la Suisse représente un partenaire clé», répond l’autorité portuaire. Voilà des années que le site souffre des défaillances des installations ferroviaires locales, qui sont aujourd’hui coupées en direction du port.
Dans l’attente d’une solution pérenne, Maersk – qui compte une trentaine d’employés à Zurich – se reporte sur les camions pour livrer ses produits. Le tragique accident aggrave la congestion des routes génoises. «Nous faisons encore face à quelques difficultés, indique le leader du transport maritime. Mais nous prévoyons un retour à la normale dans les jours à venir.»
Incertitude pour la Suisse
L’incertitude plane sur les conséquences économiques pour la Suisse. «Un éventuel impact sur le commerce entre l’Italie et la Suisse ne pourra être mesuré que sur le moyen terme», estime Stefan Zwicky, directeur du Swiss Business Hub en Italie.
Fin mai, une délégation suisse s’était rendue à Gênes dans le cadre d’une mission organisée par le consulat général et le Switzerland Global Enterprise. Objectifs du séjour au bord de la Méditerranée: découvrir les installations portuaires et constater l’avancée du grand projet ferroviaire Terzo Valico. Cette nouvelle ligne sera au cœur du corridor Gênes-Rotterdam qui permettra de relier le port italien au nord de l’Europe d’ici à 2022. La Suisse compte bien profiter de ce nouvel axe ferroviaire pour les marchandises, dont le tunnel du Gothard sera un élément clé.
Le Secrétariat d’Etat à l’économie n’a pas de «chiffres exacts» sur les répercussions possibles de l’effondrement du pont génois. Le Seco se montre toutefois optimiste: «Des événements similaires nous ont montré par le passé qu’ils n’ont qu’un impact relativement faible sur l’économie suisse.»