Tourisme
Une récente étude américaine constate une diminution de 12% des voyages transatlantiques effectués par les clients suisses. Une baisse qui semble davantage due au taux de change qu’au nouveau président

Les Suisses boudent-ils les Etats-Unis? Selon une étude du NTTO (National Travel and Tourism Office of USA) publiée en juillet, les ventes de billets d’avion entre la Suisse et les Etats-Unis ont chuté de 12% par rapport à l’année dernière. Une baisse significative, étant donné que le pays est traditionnellement une des destinations phares des touristes à croix blanche.
«Pour les voyages individuels ou les circuits, les Etats-Unis sont la première destination pour les Suisses. Pour les voyages intervilles, New York occupe la quatrième place du classement, derrière Lisbonne, Barcelone et Hambourg», annonce Prisca Huguenin, la porte-parole d’Hotelplan Suisse, qui opère sous les marques Travelhouse, Vacances Migros, Globus Voyages, Tourisme Pour Tous, Travel.ch et Hotelplan.
Peu d’effet des événements politiques
Une préférence que confirme Werner Wiedmer, le président de VUSA Committee, une association professionnelle qui promeut le tourisme aux Etats Unis: «La production suisse (le rapport entre le nombre de voyageurs et la population, ndlr) est la plus élevée au monde.
En 2015, plus de 536 000 citoyens suisses se sont rendus aux Etats-Unis, ce qui représente un quart du nombre de voyageurs allemands ou un tiers de ce qui est produit sur le marché français. Mais étrangement, nous faisons face à une baisse de la demande cette année.»
Pour essayer de comprendre ce changement, le VUSA Committee a mené une enquête auprès de ses membres et de plusieurs agences de voyages spécialisées. Ils ont analysé l’évolution des voyages en direction des Etats-Unis de 1944 à 2016. Selon eux, le marché suisse réagit peu aux événements politiques, tels que la guerre en Irak ou les élections.
Désir de protection
«On observe chez les grands tour-opérateurs une réduction de 3 à 5% seulement, ce qui est loin des 12% de réduction totale. De nombreux spécialistes observent même une augmentation de la demande. Il y a donc une forte réduction sur les achats de billets sur Internet», détaille-t-il.
Pour lui, les Suisses recherchent avant tout la protection. «Même si elle reste relative, en cas de problème ou de terrorisme, les agences de voyages permettent une prise en charge rapide. Elles peuvent s’organiser grâce à un réseau sur place, ce qu’une réservation sur Internet ne permet pas.»
Pas d’effet Trump
Swiss n’observe pas non plus de baisse particulière. Meike Fuhlrott, manager au sein de la compagnie aérienne, précise que «les vols vers cette destination sont restés stables ces derniers mois. Les réservations sont en hausse vers Los Angeles, tandis que New York est toujours une destination particulièrement cotée.»
Lors de la nomination du nouveau président des Etats-Unis, plusieurs agences de voyages prédisaient un «effet Donald Trump» sur les réservations. «Nous pensions que cela allait changer les habitudes de voyages et que les Suisses ne partiraient plus aux Etats-Unis. Mais quand on regarde nos chiffres, on ne le constate pas. Nous sommes même en hausse de 4% actuellement par rapport à l’année passée», reprend la porte-parole d’Hotelplan.
En comparant les données, la voyagiste souligne la présence d’un facteur déterminant: «C’est le taux de change. On a fait le constat avec l’arrivée d’Obama au pouvoir. Le taux de change était alors plus favorable, ce qui a influencé les voyageurs, et non pas la présidence.»