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La Swiss LegalTech Association met le droit à l’heure du tout numérique

Créée par Antoine Verdon et Christoph Küng, l’organisation vise à favoriser l’éclosion d’un écosystème rassemblant des spécialistes des technologies utilisées dans le domaine juridique, des avocats, des créateurs de start-up ou des académiciens

La monnaie virtuelle bitcoin ne constitue qu'un seul exemple de l'usage qui peut être fait de la technologie blockchain. L'automatisation de certaines tâches va aussi s'accélérer dans le domaine des services juridiques (Reuters) — © BENOIT TESSIER
La monnaie virtuelle bitcoin ne constitue qu'un seul exemple de l'usage qui peut être fait de la technologie blockchain. L'automatisation de certaines tâches va aussi s'accélérer dans le domaine des services juridiques (Reuters) — © BENOIT TESSIER

C’est dans le sous-sol d’un espace de travail utilisé par des développeurs ou des designers que le coup d’envoi de la Swiss LegalTech Association (SLTA) a été donné mercredi soir à Zurich. Une brève présentation de l’association, suivie d’exposés pointus consacrés à la technologie «blockchain» devant un public attentif assis sur des bancs, a servi de toile de fond au lancement de l’organisation. Sans but lucratif, elle entend créer un «écosystème» rassemblant à la fois des avocats, des entrepreneurs, des investisseurs ou des représentants du monde académique.

Les deux cofondateurs ont créé leur start-up

Sans surprise, les deux cofondateurs de l’association ont un lien étroit avec l’univers des nouvelles technologies. Antoine Verdon, juriste de formation, a créé Centralway Ventures, la première société de capital-risque en Suisse exclusivement dédiée aux technologies financières. Actuellement, il est en train de lancer LegalHub, une plateforme qui permet à n’importe qui de créer des documents légaux ou d’élaborer des contrats à faibles coûts. De son côté, Christoph Küng, auparavant expert en fiscalité auprès de l’une des «Big 4» du conseil et de la révision et à la Banque cantonale de Zurich, a, lui, créé la société SKUANI, une plateforme mettant en relation les clients avec des experts du domaine juridique. Lire aussi: Urbains, branchés, les créateurs de start-up choisissent des nouveaux lieux pour innover

La SLTA se fixe plusieurs objectifs. Elle veut, d’une part, apporter un soutien aux juristes ou aux cabinets d’avocats en les aidant à avoir une meilleure compréhension du marché des technologies utilisées dans le domaine du droit. Aux yeux de ses fondateurs, le secteur des services juridiques est entré dans une phase de transformation en profondeur, alors qu’un nombre toujours plus important de tâches simples sera toujours plus souvent automatisé également dans ce domaine.

D’autre part, l’association entend représenter ce secteur en étant consulté lors de la mise sur pied de changements législatifs concernant ses activités. «Nous pouvons jouer un rôle d’interlocuteur entre le domaine du droit et celui de la technologie», explique Antoine Verdon. Parmi les sujets d’actualité relativement simples, il cite les enjeux liés à l’identité numérique, à la protection des données ou encore à la création et à la gestion de contrats largement standardisés.

Des contrats de machines à machines

Les services juridiques sont aussi affectés par les grandes tendances actuelles sur le plan technologique. C’est le cas de l’intelligence artificielle, du traitement des données à large échelle («big data»), de la technologie blockchain (notamment utilisée pour la monnaie virtuelle bitcoin) ou encore les contrats intelligents («smart contracts») rendus possibles grâce à cette dernière. Lire aussi: La blockchain va affoler les intermédiaires financiersA plus long terme, des questions plus complexes se poseront avec l’automatisation grandissante d’un grand nombre de transactions. «Quand des machines interagiront avec d’autres machines, générant aussi parfois elles-mêmes des contrats, il faudra aussi régler ces questions sur le plan juridique, définir quel est leur statut. Il en ira de même pour les organisations virtuelles capables de prendre par elles-mêmes des décisions à l’exemple du projet DAO», illustre-t-il. Lire aussi: DAO, la première société de financement participatif dématérialisée grâce à la blockchain

Pratiquement, l’association peut déjà compter sur le soutien d’entreprises ou d’études d’avocats. Outre les deux cofondateurs, sa direction inclut aussi quatre autres membres. Il s’agit de Marc Bloch Sommer, directeur de Swisslex; Dominique Gottret, juriste actif dans le domaine des start-up; Nils Harbeke, expert en fiscalité ainsi que Louis Burrus, partenaire chez Schellenberger Wittmer à Genève. S’y ajoute un comité de conseil, incluant à la fois des représentants de cabinets d’avocats, politiciens, à l’exemple du conseiller national radical valaisan Philippe Nantermod ou des personnes issues de la finance. L’organisation prévoit d’organiser régulièrement des rencontres à la fois à Genève et à Zurich.