En 2020, Swiss n’aura transporté que 4,79 millions de passagers, soit un quart du volume de l’année précédente. Sans surprise, la compagnie aérienne enregistre une perte importante face à la pandémie. Dans un communiqué publié jeudi matin, elle annonce une perte d’exploitation de 654 millions de francs, alors qu’en 2019 elle affichait un bénéfice de 578 millions. La filiale de Lufthansa indique également que son chiffre d’affaires s’établit à 1,85 milliard de francs, soit un recul de 65,2% par rapport à l’an dernier.

«Grâce aux mesures draconiennes de réduction des coûts que nous avons immédiatement mises en place et à la forte contribution de Swiss WorldCargo, nous sommes parvenus à maintenir la perte dans des limites raisonnables», note Markus Binkert, directeur financier de Swiss. Soutenue par la demande en fournitures médicales et en médical, la division cargo de la compagnie a en partie permis de limiter les pertes.

Avec la mise en place de nouvelles mesures sanitaires, le quatrième trimestre a aggravé la perte de la compagnie, avec un chiffre d’affaires de 311 millions de francs, soit une baisse d’environ 75,7% par rapport à la même période en 2019.

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De nouvelles mesures d’économie envisagées

Cette situation pèse aussi sur le début d’année 2021, moins bon qu’espéré. Swiss indique qu’elle continue de perdre 2 millions de francs par jour et qu’elle continue à ne proposer qu’un quart de son offre au mois de mars.

«La situation s’est extrêmement détériorée depuis le début de l’année. Le fait que l’ensemble du secteur aérien s’apprête à subir des changements structurels est de plus en plus manifeste. Swiss devra, elle aussi, envisager un redimensionnement plus important que ce qui a été projeté jusqu’à présent», estime Dieter Vranckx, le nouveau directeur général de la compagnie, qui a pris ses fonctions le 1er janvier dernier.

Si Swiss ne donne pas de détails sur les mesures supplémentaires qu’elle pourrait prendre, la compagnie avait déjà prévu de supprimer l’équivalent de 1000 temps plein d’ici à fin 2021, en ne remplaçant pas les départs.

Des négociations en cours

En novembre dernier, la compagnie a trouvé un accord jusqu'en 2023 avec le syndicat des personnels de cabine Kapers, comprenant notamment des départs en pré-retraite. «De nouvelles mesures ne devraient pas avoir d'impact sur le personnel de cabine, estime Sandrine Nikolic-Fuss, présidente de Kapers. Il y a deux facteurs à prendre en compte: la possibilité que l'activité augmente cet été et une prolongation du chômage partiel de 18 à 24 mois. Si c'est le cas, nous retournerons à la table des négociations pour demander de l'argent pour le personnel de cabine.» Selon la compagnie, l'accord actuel devrait permettre de réduire les coûts de 10% d'ici 2023.

En revanche, aucun terrain d'entente n'a été trouvé avec les pilotes de la compagnie. Le 6 février dernier, les négociations d'une nouvelle Convention Collective de Travail (CCT) avec le syndicat Aeropers, entamées au mois d'août, ont échoué. Ce dernier a proposé un plan, comprenant notamment une réduction de 20% des salaires, qui aurait permis selon lui une économie de 130 millions de francs, en conservant la CCT mise en place en 2018. Un effort jugé insuffisant par Swiss.

«Nous sommes prêts à prendre des mesures temporaires drastiques. Les équipages au sol et de cabine ont conclu des accords temporaires pour faire face à la crise, et reviendront ensuite, au moins, à leurs conditions initiales, tout comme les pilotes d'Edelweiss. Les pilotes de Swiss souhaitent également avoir cette perspective», a affirmé Aeropers au Temps, indiquant que de nouvelles discussions étaient en cours.

Une maison mère face à une perte massive

A l’instar de sa filiale suisse, le groupe Lufthansa a aussi annoncé de lourdes pertes à la suite de cette année de pandémie. Le chiffre d’affaires de la première compagnie européenne en nombre de passagers transportés est passé de 40 milliards de francs en 2019 à 15 milliards. En conséquence, Lufthansa a enregistré une perte record de 7,4 milliards de francs, contre un bénéfice de 1,3 milliard en 2019. Tout comme pour Swiss, l’activité de cargo est la seule à s’afficher dans le positif.

Durant l’année, le nombre d’employés du groupe est passé de 138 000 à 110 000, et celui-ci prévoit la suppression de 10 000 postes supplémentaires en Allemagne ou des réductions de coûts équivalentes au poids financier de ces postes. Le groupe prévoit aussi de se séparer de 150 avions pour faire face au coût de la crise d’ici à 2023, soit un passage d’une flotte de 800 appareils à 650.

Malgré une reprise espérée pour l’été, Lufthansa ne prévoit d’opérer qu’entre 40 et 50% de ses capacités de 2019 pour l’année à venir.