Swiss ouvre les hostilités tarifaires pour contrer EasyJet à Genève
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La compagnie part à la (re) conquête de Cointrin.Un ex de Nestlé dirigera sa nouvelle base opérationnelle romande

La bataille commerciale est engagée. Swiss a dans sa ligne de mire EasyJet et son monopole sur quelque 70% des routes depuis Genève Aéroport. «Nous vous avions fait des promesses en novembre dernier [date de l’annonce du (re) déploiement à Cointrin, soit seize ans après l’exil de Swissair]», a déclaré mardi Markus Schmid. «En voici à présent le contenu», a poursuivi le directeur (jusqu’à fin septembre) de la compagnie helvétique pour la Suisse romande et responsable des ventes de la nouvelle base opérationnelle du bout du lac.
Après avoir testé depuis dix mois, puis généralisé à toutes les destinations, le trajet simple («oneway», à partir de 49 francs) sur quelques routes à connotation low cost – comme Madrid, Nice ou Prague –, Swiss lance dès septembre une structure tarifaire inédite et différenciée par rapport à Zurich. Objectif: récupérer une portion des 40% de parts de marché d’EasyJet, soit plus du double de la compagnie helvétique (15,2%). Avec ses partenaires de Star Alliance, cette dernière avoisine toutefois le taux de pénétration de la compagnie britannique à bas coût.
Le nouveau barème de prix propre à Cointrin – et en fonction de son succès reproductible à Bâle-Mulhouse – se résume à un tarif à partir de 39 francs et à une offre dès 89 francs pour tout trajet simple avec «prestation complète en vol». A quelques restrictions près concernant la première formule: elle n’est ni modifiable ni remboursable, et indisponible pour les vols vers Barcelone, Moscou, Saint-Pétersbourg (ouverture de la ligne le 25 juillet) ou Zurich. Le supplément pour les bagages en soute constitue une autre limitation.
Le second dispositif, lui, autorise le remboursement du billet, moyennant une taxe de 100 francs. «La loi nous oblige à proposer au minimum 10% de nos capacités à ces deux prix de base», indique Rainer Hiltebrand, directeur adjoint responsable des opérations. La tarification en temps réel («yield management») se charge du solde résiduel, les frais pour un trajet simple paneuropéen pouvant, selon la destination, grimper à 800 francs.
Vu que ce sont les rives du Léman où se dégagent les pistes de croissance les plus prometteuses (en moyenne, 11% depuis 2006), Swiss vient de recruter localement 150 salariés navigants et administratifs. La compagnie, qui emploie déjà 91 personnes à Genève, vise finalement les 180 collaborateurs à l’horizon 2015. Elle avait toutefois annoncé la création de plus de 200 postes à Genève en hiver dernier.
Lorenzo Stoll, directeur commercial chez Nestlé, prendra dès octobre les rênes de la base genevoise, relativement «indépendante» par rapport à la maison mère zurichoise, assure la compagnie. Il ne manque plus que quelques dizaines de pilotes – réaffectés depuis Zurich et sous contrat individuel plutôt que collectif – rejoignant Cointrin pour que l’équipe genevoise soit au complet.
Avec ses neuf appareils, le réseau baptisé «Greater Geneva» couvrira 24 destinations, soit 6 de plus à partir de septembre: Stockholm, Oslo, Londres Gatwick, Göteborg, Marrakech et Belgrade. «Auparavant, la desserte romande était clonée sur Zurich. Nous l’avons réadaptée au marché régional [un potentiel de 3,6 millions de passagers, dont 20% de France voisine], en réduisant notamment les fréquences sur Madrid, les vols de fin de semaine pour Londres, et en élargissant les temps de rotation des avions», signale Rainer Hiltebrand.
C’est à travers ce faisceau de mesures que Swiss, ayant transporté en 2012 – avec des avions remplis à 65% en moyenne – un peu plus de 2 millions de passagers depuis Genève, espère réduire l’écart qui la sépare de l’étalon EasyJet: 5,6 millions de passagers, pour un taux de remplissage plus proche de 90%.
Le taux moyen de remplissage des avions Swiss à Genève est de 65%, contre environ 90% pour EasyJet