Innovation
La start-up romande démarre la commercialisation d’un test qui permet de réaliser rapidement des contrôles sanitaires

La société romande SwissDeCode, spin-off de l’Université de Genève, va livrer ses cinquante premiers tests à des industriels actifs dans l’alimentaire. Ils permettent d’analyser l’ADN de la nourriture et délivrent un résultat en trente minutes. «Aujourd’hui, il faut attendre sept jours pour connaître les analyses du contrôle sanitaire», explique Gianpaolo Rando, biochimiste et cofondateur de la start-up, soutenue et primée début novembre par l’accélérateur MassChallenge à Renens.
Egalement fondée par le financier Brij Sahi (connu pour avoir participé au lancement de la start-up vaudoise Aïmago revendue à l’américain Novadaq Technologies pour 10 millions de dollars en 2014), SwissDeCode a ainsi développé un test pour prévenir l’apparition d’un nouveau scandale alimentaire. «Nos tests permettent de savoir avec exactitude ce que l’on mange. Aujourd’hui, chaque jour, des magasins doivent renvoyer des produits à leurs fournisseurs suite à des contrôles sanitaires et 100 000 hospitalisations ont lieu chaque année dans le monde suite à l’absorption d’aliments non conformes. Ces chiffres s’expliquent en partie par le fait que les résultats des laboratoires d’analyse sont délivrés tardivement, à savoir une semaine», dit Gianpaolo Rando.
Les tests de SwissDeCode peuvent détecter une ou deux molécules choisies à la carte par les clients. «La technologie réside dans un produit chimique qui change de couleurs s’il reconnaît l’ADN recherché. Comme pour les tests de grossesse, notre technologie fera paraître deux petites barres bleues si, par exemple, des lasagnes contiennent du porc à la place du bœuf», explique Gianpaolo Rando.
Des traces de porc ou d’arachide
SwissDecode souhaite vendre son dispositif portable à différents industriels et organes de contrôle sanitaire. La start-up, primée début novembre par l’accélérateur MassChallenge à Renens, a déjà signé deux contrats avec des industriels, notamment pour vérifier la présence de certaines bactéries. «Nous avons trois tests déjà finalisés. L’un permet de contrôler la présence ou non de protéines animales, l’autre fait la distinction entre le bœuf ou le buffle. Il est notamment destiné au marché indien. Enfin, notre troisième indique la présence ou non de viande de porc», précise Brij Sahi. D’autres tests sont en préparation. Ils permettront, par exemple, de révéler des traces d’arachide, de gluten ou de noisettes dans une préparation culinaire. «Grâce à MassChallenge, nous avons pu rencontrer très facilement des directeurs de grandes sociétés suisses actives dans l’industrie alimentaire», reconnaît Gianpaolo Rando.
La société de trois personnes, installée dans les anciens locaux des imprimeries IRL, dans la zone industrielle à Renens, espère commercialiser des packs de 5 tests pour un prix d’environ 500 francs et espère ainsi faciliter la réalisation de tests systématiques. «Les industriels déboursent actuellement entre 300 et 900 francs le test pour avoir un résultat en sept jours. Et cela se fait par échantillonnage», note Gianpaolo Rando qui espère grignoter une part d’un marché qu’il évalue à 20 milliards de dollars, avec une croissance annuelle de 8%. «A moyen terme, nous souhaitons commercialiser 100 000 tests par année et garder la production en Suisse pour continuer de bénéficier du label suisse made.»