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SwissLife lance son portail «Redsafe» sur un marché instable

Redsafe.com se présente comme le premier portail financier «intégré» de Suisse, proposant également des produits d'assurance. Sa structure de coûts forfaitaires dans le négoce d'actions rend le portail intéressant pour des volumes de transactions importants.

Après en avoir différé plusieurs fois le lancement l'an dernier, le groupe d'assurances SwissLife/Rentenanstalt a enfin pu présenter son portail financier intégré Redsafe.com lundi à Zurich, après environ deux ans de travaux. «Nous avions sous-estimé la complexité de la tâche», a dû admettre Manfred Zobl, le président de la direction de SwissLife, en rappelant que la faillite l'an dernier du fournisseur d'informations financières Firstquote, choisi comme partenaire, n'a pas été étrangère aux difficultés.

C'est que depuis la période euphorique des débuts du projet, la chute des volumes de transactions boursières sur les marchés mondiaux a mis à mal bien des portails financiers ou courtiers en ligne. Et le fiasco de la banque en ligne «y-o-u» du groupe Vontobel a défrayé la chronique, en raison du trou de quelque 200 millions de francs occasionné dans les comptes du groupe. Le projet de Julius Bär, abandonné lui aussi, aura laissé une ardoise de 45 millions de francs en deux ans. Et pour SwissLife? Redsafe a coûté pour l'instant 75 millions de francs, dont 55 millions ont été imputés dans les comptes 2000 de SwissLife et 20 millions dans ceux de l'exercice 2001, précise Manfred Zobl.

Par rapport aux sites financiers disponibles en Suisse, Redsafe entend se positionner en tant que portail financier «intégré». Redsafe propose en effet non seulement des transactions boursières ou bancaires, mais aussi des produits d'assurances. Le site offre les produits d'assurances maison, mais aussi ceux de la concurrence – notamment de la Bâloise. Redsafe permet ainsi de souscrire en ligne des polices d'assurances véhicules à moteur et des assurances vie risque pur ou liées à des fonds de placement. L'investisseur ou boursicoteur en ligne dispose ainsi d'une vaste palette de plus de 3000 fonds distribués en Suisse. Côté Bourse, Redsafe offre un accès direct pour la consultation des cours et l'achat ou la vente de titres (actions, obligations, produits dérivés) sur six places boursières importantes, soit la Bourse suisse, Xetra à Francfort, les Bourses américaines NYSE, Nasdaq et Amex, ainsi que Virt-x à Londres.

Le site s'adresse à des particuliers suffisamment informés pour réaliser leurs transactions financières de manière autonome. Les conseils disponibles en ligne se résument en effet essentiellement à des programmes interactifs chargés d'établir le profil de risque de l'investisseur, de calculer les rendements nets et d'optimiser le portefeuille de titres, mais sans inclure les produits d'assurances. Le client de Redsafe n'a pas accès à un conseiller en placement, ainsi que le précise Richard Diserens, le responsable financier de la Banque Redsafe, contrôlée à 100 % par SwissLife.

Redsafe entend donc tirer ses revenus des commissions d'intermédiaires de ses partenaires ainsi que des courtages provenant des opérations bancaires et boursières. Sur les opérations boursières effectuées en Bourse suisse, Redsafe perçoit une commission forfaitaire de 30 francs par transaction, indépendamment du montant de celle-ci. Ce qui rend le site plus intéressant, notamment, que e-sider (le portail de la BCV) ou youtrade (Credit Suisse) pour les transactions d'un montant supérieur à 3000 francs.

Chiffres noirs en 2004

Grâce à ce positionnement original, Redsafe espère atteindre le seuil de rentabilité en 2004, avec un portefeuille de 55 000 clients investissant en moyenne chacun 33 000 francs. Un objectif que Hannes A. Meyer, le responsable de l'e-business du groupe Swiss Life, qualifie de «conservateur», mais que des concurrents jugent «ambitieux». D'autant que plusieurs portails financiers se trouvent actuellement en difficulté en Suisse. Swissinvest.com a ainsi annoncé à mi-décembre être à la recherche d'investisseurs pour surmonter ses problèmes de liquidités. De son côté, le portail d'informations financières Moneycab, lancé en mai 2001 par le Credit Suisse, Tamedia et Bluewin a dû revoir ses objectifs en raison de la chute des recettes publicitaires.