«C’est le Filz qui recommence». «Nous sommes mouillés jusqu’au cou». «Si UBS a encore des problèmes, ce sera de nouveau la faute du Parti radical alors que si tout va bien personne ne se souviendra que Villiger est radical». A Berne, les radicaux étaient loin d’être ravis mercredi, ces réflexions en témoignent, du choix de l’ancien conseiller fédéral par UBS. Si certains connaissaient la nouvelle depuis mardi soir, nombre d’entre eux ne l’avaient apprise que le jour même en début de matinée.
Ce que l’on peut appeler le syndrome Swissair est encore très vivace, on a pu le constater mercredi au sein du parti, qui a mis des années à apurer ses comptes et à clarifier ses relations avec les milieux économiques. Avant que son président actuel, Fulvio Pelli, ne ramène le calme, la direction du parti a été fortement chahutée par les manœuvres de l’aile restée proche de ces milieux économiques, pour garder ou reconquérir le pouvoir. Le Tessinois l’a du reste emporté en mars 2005 sur l’un de leurs représentants, le Lucernois Georges Theiller.
Simultanément, le Parti radical avait commencé à être lâché par les milieux économiques eux-mêmes où certains, sensibles aux charmes des idées carrées et des méthodes énergiques, furent tentés par une idylle avec l’UDC. Christoph Blocher déçut toutefois au Conseil fédéral la plupart des espoirs qu’il avait éveillés et le parti se rabibocha avec les leaders de l’économie, réunis à l’automne 2004 au sein d’un club de soutien, qui se limita rapidement à un soutien financier. Ayant ainsi rétabli la confiance tout en marquant ses distances avec les grandes entreprises, le Parti radical, aujourd’hui libéral-radical, s’identifie désormais moins directement à elles qu’il ne s’attache à la défense des conditions-cadres nécessaires à leur prospérité.
Problème d’image
Si la présence de Kaspar Villiger au conseil d’administration d’UBS fait revivre un modèle dépassé et réveille de mauvais souvenirs, elle pose également un problème d’image aux radicaux. Avec son image, justement, de vieux sage scrupuleux et respectable, d’honnête homme pétri des valeurs d’autrefois, – d’avant la folie qui a emporté les banques dans la débâcle –, Kaspar Villiger est au monde de la finance ce que la Mère Denis est à celui de la lessive. Si l’icône rassurante est utile à UBS, son arrivée sous les feux de la rampe donne un coup de vieux à des radicaux toujours en mal de rajeunissement.