Tout devait être bouclé à la fin de l’année dernière, mais les choses traînent en longueur. L’acquisition du fleuron agrochimique suisse Syngenta par l’entreprise chinoise ChemChina pour 43 milliards de dollars (42,9 milliards de francs) ne sera pas finalisée avant plusieurs mois, selon Erik Fyrwald, nouveau patron du groupe bâlois. L’accord a-t-il du plomb dans l’aile, alors que les coûts de la transaction atteignent 50 millions de dollars et qu’en cas d’échec ChemChina devra verser 3 milliards de dollars de dédite? Un ultime délai au 30 juin a été fixé dans le contrat, alors que l’offre a déjà été prolongée à 5 reprises.

«Je suis confiant. Nous arriverons à finaliser durant le deuxième trimestre», assure Erik Fyrwald, dans le cadre de la présentation des résultats 2016 à Bâle mercredi. Les autorités de la concurrence de 13 pays, dont la Russie et l’Australie, ont déjà donné leur aval. Mais celles présentes sur les plus gros marchés demandent encore et toujours des documents et des précisions supplémentaires.

Les autorités des Etats-Unis, de l’Union européenne (UE), et de la Chine n’ont ainsi pas donné leur feu vert à ce jour. Le patron de Syngenta a confirmé que des discussions étaient notamment en cours avec l’UE et qu’elles portent sur la cession de certains produits hors brevets. Ces derniers représentent la majorité du chiffre d’affaires du groupe, soit 65%, contre 35% pour les produits brevetés.

Changement de l’environnement concurrentiel

«Les autorités américaines et européennes doivent nous donner réponse jusqu’au 12 avril», assure le patron de Syngenta. L’attente n’est pas due, selon lui, à des raisons de méfiance face à l’acquisition de technologie par la Chine, ou des problèmes de situation dominante créée par le seul achat de Syngenta par ChemChina qui possède des produits phytosanitaires génériques sous la marque Adama.

La situation de concurrence a fortement changé depuis les discussions de fusion entre DuPont et Dow Chemical, à hauteur de 130 milliards de dollars, et l’achat de Monsanto par Bayer, annoncé mi-septembre dernier, pour 66 milliards de dollars. Selon Erik Fyrwald, c’est uniquement ce changement de l’environnement concurrentiel de la branche qui retarde les décisions des autorités à propos du nouveau propriétaire de Syngenta.

«En raison de ce contexte, il est normal que les autorités de réglementation aient davantage de questions à nous poser. La bonne nouvelle, c’est que les discussions se poursuivent activement et que nous avons pu faire des propositions», souligne le patron de Syngenta. Selon lui l’administration Trump ne posera pas de nouvelles conditions pour accepter la mainmise d’un groupe chinois sur Syngenta, qui possède de nombreuses usines outre-Atlantique et réalise un quart de son chiffre d’affaires en Amérique du Nord.

Pas de problème avec Donald Trump

«Pour ce qui est du commerce de graines, nos affaires sont cloisonnées par pays, note-t-il. En ce qui concerne les produits phytosanitaires, c’est vrai que les ingrédients proviennent de différents pays et que la chaîne de production est internationale, mais je ne vois pas de problème pour cela avec l’administration Trump. Nous sommes cependant favorables à un libre-échange étendu car il favorise la croissance».

Syngenta affiche des résultats en baisse en 2016. Le chiffre d’affaires diminue de 5%, à 12,79 milliards de dollars, alors que le bénéfice net d’exploitation chute de 11%, à 1,64 milliard. Le bénéfice brut (EBITDA) régresse de 4%, à 2,65 milliards. Un redressement a été effectué au 4e trimestre dans un contexte où les prix bas sur le marché des matières premières agricoles incitent les paysans à moins investir dans leurs cultures.


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