Malgré le froid, ils étaient environ 180 à s’être réunis sous une neige fine devant le terminal de l’aéroport de Genève ce mardi matin. Les employés du fournisseur de services spécialisé dans l’aviation Swissport étaient présents pour dénoncer une dégradation de leurs conditions de travail suite à l’envoi d’un nouveau contrat de travail aux 1200 employés genevois de l’entreprise au début du mois. Ces derniers ont jusqu’au 28 janvier pour signer.

«Il y a 1200 perdants, pour une poignée de gagnants», affirme Pablo Guarino, secrétaire syndical du SEV-GATA (branche de l’aviation du Syndicat du personnel des transports), lors de la manifestation.

Lire aussi:  Timide reprise dans le ciel suisse

«Je vais devoir aller voir mes enfants pour leur dire qu’ils ne pourront plus aller au sport et que même pour la nourriture ça va être difficile parce que papa perd 700 francs de salaire par mois», lance un des participants. Selon les syndicats, ces nouveaux contrats entraînent, dans certains cas, des pertes de revenus allant jusqu’à 1200 francs par mois.

Les employés dénoncent aussi une augmentation du temps de travail, le passage à des cotisations sociales équilibrées entre salarié et employeur, l’annualisation des heures de travail et la suppression du plafond horaire pour les auxiliaires. «Je n’ai jamais vu une attaque aussi violente contre les travailleurs», estime Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical du SSP.

L’échec d’une nouvelle convention collective

Ce mouvement de protestation s’inscrit dans le cadre des négociations d’une nouvelle convention collective de travail (CCT) avec Swissport pour les personnels de l’aéroport de Genève. Les conventions qui concernaient les employés genevois sont arrivées à échéance le 30 septembre, faute d’un accord pour leur renouvellement entre les syndicats et la direction, laissant place à un vide conventionnel.

Commencées en 2018, les négociations avaient échoué en décembre 2019, entraînant une saisie de la Chambre des relations collectives de travail de Genève. Cette dernière a rendu un avis en octobre recommandant la mise en place d’une nouvelle CCT et la négociation d’un plan social, pour anticiper les licenciements que la crise du covid pourrait générer.

Lire également:  L’aéroport de Genève renoue avec les chiffres de 1945

Depuis, les syndicats accusent Swissport Genève de refuser la mise en place d’une nouvelle convention. Contactée par Le Temps, l’entreprise indique ne pas être fermée à cette idée: «Nous n’excluons pas une poursuite du partenariat social à l’avenir et de redémarrer les discussions pour une nouvelle CCT une fois que la situation sera plus stable pour notre industrie.» Depuis le début de la crise, l’entreprise dit avoir connu une baisse de son activité de l’ordre de 75%. Selon les estimations de l’Association internationale du transport aérien (IATA), le rétablissement du secteur de l’aviation ne devrait pas arriver avant 2025.

«La crise extrême que traverse l’aviation conduit Swissport à introduire de nouvelles conditions d’emploi conformes aux pratiques de notre secteur, indique la société. Celles-ci, combinées à la réorganisation de l’équipe de l’encadrement, permettront à Swissport Genève de rester compétitif afin de conserver sa clientèle et ainsi préserver le plus d’emplois possible.»

En fin de matinée, les manifestants ont décidé de laisser un délai de 24 heures à leur employeur pour ouvrir de nouvelles négociations avant de se réunir à nouveau jeudi matin.