Commerce de détail
Un franc sur dix est dépensé à l’étranger dans le commerce de détail, un franc sur vingt sur internet. Le chiffre d’affaires de la branche a baissé de 0,6% en 2016. Il est inférieur aux attentes en raison des ventes à l’étranger, selon une enquête de Credit Suisse

Les signes d’amélioration sont maigres dans le commerce de détail, selon Credit Suisse, qui a présenté une étude sectorielle mercredi, à Genève et Zurich. 54% des entreprises du secteur interrogées en fin d’année 2016 par Fuhrer & Hotz ne sont pas parvenues à atteindre le chiffre d’affaires prévu. Ce pourcentage signale une amélioration puisque le taux s’élevait à 67% il y a un an. Mais au total, le chiffre d’affaires réel a diminué de 0,6% l’année dernière, après un recul de 0,1% en 2015.
La situation est plus favorable pour l’alimentaire (chiffre d’affaires réel en hausse annuelle de 0,3%) que le non alimentaire (-1,7%), en particulier la branche de l’habillement et des chaussures (-8,2%). Le secteur du bricolage et jardinage a profité d’un retournement puisqu’il progresse de 1,8% grâce à un été ensoleillé.
De 3% à 6% d'emplois supprimés en zones frontalières
Un franc sur dix a été dépensé à l’étranger dans le commerce de détail en 2016. La banque explique que les détaillants des régions frontalières de la France et de l’Allemagne ont perdu respectivement 3,4% et 5,4% de leurs emplois à plein-temps entre 2011 et 2013. Le taux est même de 6,6% à Bâle.
Le tourisme d’achat s’est stabilisé à un très haut niveau, à 10 milliards de francs. Les recettes de TVA générées par le trafic touristique de la population suisse ont reculé de 6,2% en 2016, et même de 8,9% à Genève. Ces chiffres ne tiennent pas compte du commerce en ligne des détaillants étrangers. «Aucun signe ne laisse entrevoir un changement de tendance», avance encore la banque. Les achats de touristes étrangers en Suisse ont eux souffert du recul de 19,5% des nuitées des Chinois dans notre pays entre janvier et octobre.
Les ventes en ligne atteindront 10% du total en 2022
Le commerce en ligne connaît d’ailleurs une forte dynamique de croissance. Les distributeurs en ligne sont plus nombreux que les autres à atteindre leurs objectifs de chiffre d’affaires et de bénéfice. Entre 2010 et 2015, la croissance du commerce en ligne transfrontalier s’est élevée à 17% par an. «Une hausse fulgurante», selon Credit Suisse. Un franc sur vingt a été dépensé sur internet en 2015. La Suisse est pourtant à la traîne puisque le commerce en ligne représente 8% en Allemagne, 11,3% au Danemark et 14,5% en Grande-Bretagne.
Sur les 5 milliards dépensés dans le e-commerce depuis la Suisse, près d’un tiers revient aux commerçants en ligne étrangers (1,1 milliard) et aux bourses d’échange (0,8 milliard).
La grande banque prévoit que la vente en ligne atteindra 10 milliards de francs, soit 10% du commerce de détail dans cinq ans, contre 5% en 2015. Dans l’électronique grand public, le pourcentage devrait passer de 26% en 2015 à 38% en 2022. Dans l’alimentation, il devrait quasi doubler à 3,6%. Dans l’habillement, il devrait passer de 15 à 25%.
Les seniors sont de plus en plus nombreux à commander en ligne et la génération Y continue de surfer en disposant d’un pouvoir d’achat croissant avec les années.
Stagnation en 2017
En 2017, le commerce de détail devrait stagner, selon les économistes de Credit Suisse. Le pouvoir d’achat des consommateurs ne devrait progresser que timidement. Les détaillants sont modérément optimistes dans la mesure où la moitié d'entre eux prévoit une hausse du chiffre d’affaires. Les projets d’expansion de surfaces de vente n’ont jamais été aussi faibles depuis 2009.
Les perspectives sont plus favorables dans l’alimentation que dans les autres branches. Dans l’habillement et la chaussure, «le creux de la vague n’est pas encore atteint», estime la banque.
Lire aussi:
- L'éditorial: Survivre à la disruption, le défi des commerçants suisses
- Amazon ouvre des boutiques éphémères
- La lente agonie des détaillants du textile suisses
- L’e-commerce découvre les joies des boutiques
- Grâce aux technologies, les petits commerçants peuvent réapprendre à connaître leurs clients
- Zalando lorgne les boutiques traditionnelles