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Transporter le pétrole par le rail?

Contre toute attente, l’écart de 12 dollars entre le cours du brent celui du Western Texas peine à se résorber. Cela ne devrait pourtant pas tarder.

La situation était jugée exceptionnelle et temporaire. A la fin janvier, lorsque nous assistions à diverses présentations de hedge funds, chacun recommandait de profiter de l’écart de 10 à 15 dollars entre les catégories de pétrole, le Brent (le plus cher) et le Western Texas (WTI). Le «spread» ne pouvait persister très longtemps. La recommandation s’est avérée erronée. Les deux catégories de pétrole continuent de fluctuer en parallèle, mais ne se rejoignent pas. Les experts sont renvoyés à leurs études

Sur le blogue «Econbrowser», le professeur James Hamilton de l’Université de Californie, se penche sur ce mystère et présente d’intéressantes idées d’investissement. Il remarque que Chevron offre 123 dollars pour un baril de Louisiane et 17 dollars de moins pour un baril de l’Oklahoma. Les raffineurs de la côte américaine paient donc une prime considérable pour acheter du pétrole importé. Comme le moyen de transport pétrolier le meilleur marché est le pipeline, pourquoi ne pas transporter davantage de pétrole bon marché vers le Golfe du Mexique et ainsi faire se rapprocher les deux marchés? Si le prix de transport est de seulement 1 dollar le baril.

Pour l’instant, le pétrole prend la voie inverse. Il utilise un pipeline allant de la région chère, le Golfe, pour aller vers l’endroit le meilleur marché. ConocoPhillips, la société qui possède le pipeline en question (Seaway), a expliqué que le changement de direction ne pouvait se produire rapidement.

Le délai peut être de six mois, voire d’une année.

Une solution pourrait être de racheter le pipeline, ou d’étendre un pipeline des sables du Canada au Golfe du Mexique. Mais cela prendrait aussi du temps.

Une alternative étonnante pourrait être de transporter le pétrole par rail. Le coût serait de 7 dollars le baril dans les régions mentionnées. Sans compter les infrastructures. Le projet est loin d’être farfelu puisqu’un terminal a été construit à cette fin en Louisiane l’été dernier. Selon James Hamilton, il existerait une douzaine d’autres projets similaires. Un expert va même jusqu’à avancer l’idée selon laquelle Warren Buffett aurait racheté Burlington Northern en partie en vertu de l’avenir pétrolier du transport ferroviaire. D’ailleurs, même le transport pétrolier par camions pourrait être profitable au niveau actuel.

Quoiqu’il en soit, ces multiples projets confirment que l’écart ne devrait pas durer ad aeternam.

Sur le marché suisse des produits structurés, il n’existe certes pas de produits qui combinent l’achat de WTI et la vente de Brent, selon un porte-parole de RBS. Dans le passé, des produits similaires sur les matières premières n’ont pas rencontré une forte demande. La stratégie consistant à «shorter» le plus cher et acheter le meilleur marché (Brent) peut toutefois être effectue à l’aide d’options.