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Un reportage tourné au Guatemala par une chaîne britannique montre des enfants en train de récolter du café dans des fermes qui fourniraient la marque helvétique. A la suite de ces informations, son patron dit avoir demandé une enquête et cessé de s’approvisionner dans la région

Le reportage n’a même pas encore été diffusé – il doit l’être ce lundi soir. Mais, déjà, le feu médiatique s’est emparé de Nespresso. En cause, des images tournées au Guatemala par l'émission Dispatches de la chaîne britannique Channel 4 montrant des enfants de moins de 13 ans qui travaillent dans des fermes de café fournissant la filiale de Nestlé, spécialiste du café en capsules. Ce «dans des conditions épuisantes», décrit la chaîne TV dans un communiqué annonçant la diffusion du reportage. A raison de six jours sur sept, pour un salaire de misère.
Sept des fermes dénoncées par l’équipe de tournage seraient des fournisseurs de la marque helvétique, précise The Guardian; cinq autres entreraient dans la chaîne d’approvisionnement de la marque américaine Starbucks, dont Nestlé a acquis la licence commerciale.
«Le travail d’enfants n’a pas sa place dans notre chaîne d’approvisionnement», a réagi le nouveau patron de la marque helvétique, Guillaume Le Cunff, dans une vidéo publiée sur la chaîne YouTube de Nespresso.
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«Nous avons immédiatement envoyé certains de nos collaborateurs locaux pour enquêter et voir si ces fermes fournissent ou non Nespresso», a-t-il ajouté. Dans l’intervalle, Nespresso dit avoir cessé de s’approvisionner dans la région. La filiale dit aussi avoir doublé le nombre d’agronomes dans le pays pour la prochaine saison de récoltes et renforcé les audits et contrôles pour s’assurer «qu’il n’existe pas de travail d’enfants dans la chaîne de production».
«Encore du travail à accomplir»
Interpellé par la chaîne d’information américaine CNN, l’ambassadeur de la marque depuis 2006 George Clooney s’est dit «surpris et attristé». Entré il y a sept ans au conseil chargé de la durabilité chez Nespresso, il a constaté «que ce conseil et cette entreprise [Nespresso] ont encore du travail à accomplir».
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Starbucks, qui a également annoncé le lancement d’une enquête avec un auditeur externe, affirme «ne pas avoir acheté de café dans les fermes en question au cours de la dernière saison de récoltes», rapporte encore The Guardian. «Nous demeurons préoccupés et prenons des mesures car ces fermes ont été vérifiées en 2019 par rapport à nos normes d’approvisionnement éthique, qui sont les plus complètes de l’industrie du café», conclut la multinationale américaine.
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Le journaliste auteur du reportage, Antony Barnett, juge «simplistes» les mesures prises par les entreprises. Cité dans le journal britannique, il craint que l’arrêt de l’approvisionnement dans les régions en question ne pénalise encore davantage les fermiers et les familles qui en dépendent. «Les raisons pour lesquelles ces enfants travaillent, c’est parce que leurs parents – et les fermes dans lesquelles ils travaillent – ne sont pas suffisamment payés.»