«Je pense être quelqu'un d'accessible.» Cette phrase de Bertrand Jungo témoigne de sa volonté de se montrer ouvert et proche de ses collaborateurs. A 40 ans, il a été promu, début mai, nouveau directeur des 72 grands magasins Manor. «Si quelqu'un vient frapper à la porte, personne ne l'empêchera d'entrer», poursuit-il.

Il passe une courte majorité de son temps dans son bureau de la Rebgasse à Bâle - siège du groupe -, modèle de dépassement des frontières linguistiques.

Son truc? Se tenir informé et nouer des contacts au fil des heures. Le jeune quadragénaire met le dialogue au sommet de sa pyramide des valeurs. «Dès que j'ai quelques minutes, j'appelle un responsable de succursale pour faire le point...» Mais, généralement, il enchaîne les séances. «Je ne suis pratiquement jamais seul dans ce bureau. Si par hasard cela m'arrive, j'en profite pour lire les e-mails.» Personne ne les trie pour lui. Il concède que, parfois, il s'y attarde quelque peu en consultant son assistant électronique personnel durant les réunions.

Son agenda est surchargé! Mais lui se dit en partie responsable de cet état de fait. «Il ne faut jamais mettre la faute sur les autres...» Ce qui ne l'empêche pas de se montrer particulièrement exigeant avec ses collaborateurs, dont il exige promptitude à l'exécution des tâches.

Vendeur au rayon sports

Bertrand Jungo ne tarit pas d'éloges sur son assistante, «adorable et fantastique». C'est elle qui tient l'agenda, organise les réunions, prépare les documents nécessaires et coordonne les voyages. Entre elle et le patron, le SMS est devenu un moyen de communication courant. «Je fais attention de maintenir une orthographe correcte!» précise-t-il.

Quand il quitte son antre, c'est souvent pour visiter des filiales. «J'aime bien faire des achats pour ma famille et découvrir l'évolution des surfaces de vente. La semaine dernière (ndlr: début juillet), j'étais par exemple à Pfäffikon.» Un homme de terrain à part entière. Une qualité qu'il revendique et cultive. Une manière de diriger qu'il a tirée de sa propre expérience.

«Alors que j'étais étudiant, je travaillais comme vendeur au rayon sports de la Placette (ndlr: nom des magasins Manor à l'époque).» Il se souvient donc de ce temps-là. Et les échelons gravis depuis ne l'empêchent pas de déambuler aujourd'hui encore dans les rayons avec plaisir, mais aussi avec l'œil critique du patron.

Pendu au téléphone, également durant les trajets qui le ramènent chaque soir à Fribourg, Bertrand Jungo n'hésite pas à emporter du travail à la maison. «C'est sûr que, en nombre d'heures passées en famille, je ne suis pas à la moyenne nationale! Mais ce qui compte, lorsque je suis avec mon épouse et mes deux filles, c'est que je m'y consacre totalement.» La qualité plutôt que la quantité.

C'est une fois rentré chez lui que Bertrand Jungo entame ses grandes réflexions stratégiques. «Je me couche tard et me lève tôt par nature. Mais, avec ce job, les extrémités sont repoussées...» Et les nuits particulièrement courtes.