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Les trois Swiss House ont six mois pour faire leurs preuves

Pour la première fois depuis leur création, les établissements de Boston, San Francisco et Singapour subiront une évaluation en 2006. L'accent sera notamment mis sur l'implication du secteur privé dans les projets.

«Les Swiss House sont mal connues. Pourtant, nous sommes les apôtres de la science suisse.» Voilà comment Pascal Marmier décrit l'établissement pour lequel il travaille, à Boston, créé en 2000. «Nous essayons de situer la Suisse sur la carte mondiale», enchaîne sa collègue de Singapour, Suzanne Hraba-Renevey, qui a vécu sa première année d'activités. Ce besoin de se faire connaître et reconnaître traduit une pression grandissante pour les trois «maisons suisses», en y incluant San Francisco.

En effet, pour la première fois depuis leur création, les Swiss House devront rendre des comptes détaillés au Département fédéral des affaires étrangères et au Secrétariat d'Etat à l'éducation et à la recherche (SER), dont elles dépendent. Promouvoir la recherche, l'éducation et l'innovation helvétiques, telle est leur raison d'être. Mais concrètement, comment ces éléments se mesurent-ils? «Nous avons fixé des objectifs au travers d'indicateurs, explique Rosemarie Kiener, responsable des 15 conseillers scientifiques actifs dans les ambassades et des trois maisons suisses. Nous évaluerons les résultats en 2006.»

L'examen portera principalement sur les financements mixtes. «Les projets devront être portés à raison d'un tiers par les fonds publics et de deux tiers par d'autres fonds à l'horizon 2007, détaille Rosemarie Kiener. Je pense que Singapour aura des difficultés pour y parvenir en raison de sa récente création, mais Boston et San Francisco sont sur la bonne voie.»

Pourtant, le chemin reste encore long. A titre d'exemple, en 2004, Boston a dépensé 1,15 million de francs pour son personnel, dont 425 000 francs ont été apportés par des tiers. Sur les 210 000 francs consacrés aux différents projets et événements, moins d'un quart a reçu le soutien de fonds privés (contre deux tiers pour l'objectif). «Les politiciens disent de nous que nous sommes des bureaucrates, regrette Pascal Marmier. Mais nous avons déjà vaincu certaines critiques. Ainsi, toutes les grandes universités sont devenues nos partenaires. Nous avons en quelque sorte réussi à tuer le scepticisme des scientifiques suisses.»

L'année prochaine, le nombre et la qualité des projets seront décortiqués. «Nous devons conclure un maximum de partenariats bilatéraux», reconnaît Suzanne Hraba-Renevey. Ainsi, chaque pas se révèle important. «Un nouveau projet, financé à raison de 5 millions de dollars par le Fonds national de recherche américain, devrait bientôt déboucher sur une collaboration avec les labos de l'Université de Bâle, du CSEM et de l'EPFL dans les nanotechnologies», se réjouit Pascal Marmier.

Les activités de réseautage et de représentation resteront difficilement mesurables, admet le SER. «Mais nous devons comparer l'efficacité des Swiss House à celle d'une ambassade normale, qui a également un conseiller scientifique», estime Rosemarie Kiener. D'autant plus que l'Allemagne et le Danemark se montrent intéressés par le modèle des maisons suisses. Cet examen approfondi devrait finalement déboucher sur une décision ferme quant à l'ouverture d'un nouvel établissement à Shanghai. Longtemps annoncée pour 2006, la Swiss House chinoise attendra au minimum 2008.