Uber affirme que ses services stimulent l’économie romande

Mobilité Selon une étude, la variante qui fâche le plus, UberPop, créerait un marché et une nouvelle demande

Un véhicule Uber se substituerait à quatre voitures de particuliers et à trois places de parking

Pourquoi Uber s’est-il si rapidement imposé comme un acteur majeur de la mobilité? La première grande enquête jamais menée en Europe sur l’impact des services de transport avec chauffeur (VTC) offre quelques éléments de réponse. Réalisé par l’institut de recherche 6T et financé par la firme californienne, le sondage – livré en exclusivité au Temps pour le marché suisse – a été mené sur dix jours en juin dernier. Il contient les avis de 6500 utilisateurs d’Uber, dans six villes françaises, ainsi qu’à Lausanne et à Genève. L’étude confronte les résultats des personnes interrogées – 800 en Suisse – à un échantillon d’usagers d’autres modes de déplacement comparables (autopartage, covoiturage, taxi, etc.).

Voici, en vrac, ce que disent les chiffres: Uber, dont les plus de 9000 véhicules auraient été utilisés par un million de personnes au moins une fois ces douze derniers mois, en France métropolitaine et en Suisse romande, a entraîné une diminution sensible du parc automobile. Une voiture de la multinationale y remplacerait aujourd’hui quatre véhicules de particuliers et libérerait trois places de stationnement. Soit, 22 000 voitures en moins, à considérer le périmètre géographique de l’enquête.

Le service d’Uber répondrait par ailleurs à une demande latente pour une technologie de prise en charge plus efficace que la méthode traditionnelle. Mieux: le recours à une application smartphone décuplerait les fréquences d’usage moyennes. Car, d’après 6T, les gens prennent en général le taxi moins de trois fois par mois. Mais lorsque le service leur est proposé sous forme numérisée, ils effectuent alors plus de quatre trajets sur cette même période. Et, lorsque leur chauffeur Uber n’est pas disponible, ils sont au minimum près de 40% à se rabattre sur un taxi. Bilan: tout le monde en profite, alors que la population utilise l’offre de transport avec chauffeur pour des déplacements qu’ils n’effectueraient pas sans l’existence de ce service. Exemples: trajets de loisirs (restaurant, cinéma, discothèque), parcours de nuit (20% des courses de taxi, contre 37% pour Uber) pour quitter ou rejoindre la périphérie d’une ville, etc. «Ce qui a un impact [positif] direct sur l’activité économique», commente 6T.

Autre découverte: la variante avec conducteur occasionnel (UberPop) créerait un marché et une nouvelle demande, surtout en Suisse où «les usagers sont plus sensibles au prix d’une course qu’en France, où la qualité du service prime», indique Nicolas Louvet, cheville ouvrière de l’étude. Comment? En convertissant les jeunes, «une cible quasi inexistante chez les usagers du taxi», d’autant plus qu’UberPop engendre une «habitude d’usage» amenant les étudiants à utiliser massivement le reste de l’offre plus tard, relève-t-il.

En effet, 63% des utilisateurs d’UberPop ont moins de 30 ans. La variante avec chauffeur professionnel est quant à elle utilisée à 48% par des cadres d’entreprises. En revanche, seul 1% des clients d’Uber sont des retraités, contre 13% pour les taxis.

En outre, plus de la moitié des sondés se déclarent favorables à confier leur enfant non accompagné à Uber, contre 38% s’il s’agit d’un taxi. «Les résultats détaillés pour la Suisse seront bientôt disponibles pour être présentés le cas échéant», conclut Nicolas Louvet.

«UberPop engendre une habitude d’usage amenant les étudiants à utiliser le restede l’offre plus tard»