Économie
Plusieurs chauffeurs contestent leur statut de travailleurs indépendants et estiment être des employés d’Uber. Il n’est pas exclu que 160 000 chauffeurs puissent se joindre à la plainte

L’économie du partage est malmenée aux Etats-Unis. En Californie, la société de voiturage Uber fait face à une plainte collective qui pourrait lui coûter cher. Cher d’un point de vue pécuniaire et cher en termes de modèle économique. En septembre, le juge fédéral Edward Chen a accepté une plainte collective contre Uber, qui a fait appel. Plusieurs chauffeurs contestent leur statut de travailleurs indépendants et estiment être des employés d’Uber. Il n’est pas exclu que 160 000 chauffeurs puissent se joindre à la plainte.
Pour les plaignants, il en va des avantages liés au statut d’employé: accès à l’assurance chômage, assurance pour les accidents professionnels voire, pour les chauffeurs travaillant à plein-temps, accès à une assurance maladie. Les détracteurs d’Uber sont d’avis que de telles pratiques accentuent les inégalités déjà fortes aux Etats-Unis, car elles constituent un exemple de plus d’emplois insuffisamment rémunérateurs.
Le même type de plainte vient d’être déposé par des chauffeurs d’un autre géant du secteur technologique, Amazon. Travaillant pour un nouveau service inauguré en septembre, dénommé Amazon Prime Now (livraison dans les deux heures), ils estiment avoir aussi droit au statut d’employé et aux avantages qu’il procure. Selon eux, Amazon contrôle pratiquement tous les aspects de leur vie professionnelle.
Uber, qui recourt à quelque 200 000 chauffeurs aux Etats-Unis, ne voit pas les choses ainsi. S’ils ne bénéficient pas des avantages liés au statut d’employé, les chauffeurs, qui ne paient que 20% de leurs recettes à Uber, n’ont aucune obligation de se présenter au travail, et n’ont pas d’horaires imposés. La question est dès lors de connaître le degré de contrôle qu’exerce Uber sur les chauffeurs. La société californienne a désormais pris ses précautions. Elle fait signer à ses futurs chauffeurs une clause leur interdisant de se joindre à une plainte collective. Selon plusieurs experts, si les traditionnelles lois du travail, relativement strictes en Californie, sont appliquées à Uber, celle-ci aura de la peine à défendre son modèle économique.