Ils auraient «craqué» l’algorithme d’Uber. Des informaticiens de l’Université Northeastern à Boston, prétendent avoir percé les mystères du «surge price» de la société californienne. Autrement appelé tarification dynamique, ce mécanisme – bien que transparent – est parfois décrié par les usagers. Il consiste à ajuster les prix des courses, à la hausse ou à la baisse. Par exemple, lorsque davantage de personnes souhaitent utiliser les services du champion du numérique appliqué à la mobilité, les prix augmentent. Parfois de manière spectaculaire.

Selon les médias outre-Atlantique, le différentiel tarifaire peut ainsi dépasser les 400% – le concurrent Lyft, assure limiter sa surenchère à 200% – les veillées de Saint-Sylvestre. Uber s’était par ailleurs excusé, fin décembre passé, d’avoir automatiquement surtaxé ses courses lors de la prise d’otages du café Lindt à Sydney. «Notre outil de régulation tarifaire est très efficace, mais il doit être manié avec beaucoup de doigté: nous coupons à présent systématiquement le système en cas d’événement tragique comme les attentats de Paris du 13 novembre», souligne Thomas Meister, porte-parole d’Uber pour l’Europe de l’Ouest.

Bâle et Lausanne épargnés

En Suisse, la ville de Bâle n’est actuellement pas soumise au «surge price». Idem pour Lausanne, où Uber a fini par débrancher ce dispositif. Quant à Genève et Zürich – un marché qualifié «d’exemplaire» par Steve Salom, patron d’Uber pour la Suisse romande, qui lance cette fin de semaine une offre low-cost de livraisons de sapins écologiques –, le potentiel de hausses de prix est plafonné à 100%.

Qu’ont découvert exactement les scientifiques du Massachusetts? D’après l’examen (in vitro) de 43 parcours dans le centre de San Francisco et de Manhattan, Uber recalculerait ses prix toutes les cinq minutes. Et mettrait ainsi à jour son application selon des secteurs géographiques prédéfinis. Toutefois, dans des espaces relativement exigus, comme le cœur touristique de New York, les experts affirment que le système de facturation dynamique est débranché. Ceci, pour ne pas risquer d’empiéter sur plusieurs zones à la fois, faussant ainsi les calculs. Dans le cas contraire, supposent les scientifiques, les usagers auraient déjà trouvé la parade. Pour éviter les effets des barèmes évolutifs, ils auraient appris à se déplacer de quelques centaines de mètres et ainsi changer consciemment de périmètre comptable.

Le territoire de San Francisco, quant à lui, disposerait d’un maillage tarifaire beaucoup plus étendu. Cependant, disent les chercheurs, un peu plus de la moitié des courses effectuées dans la capitale californienne aboutissent à une hausse du prix standard. Dans ce cas, la majoration serait d’environ 50% uniquement.

Effet sur la demande, pas l’offre

Les informaticiens de Boston pensent aussi que la facturation dynamique – environ 10 minutes pour chaque salve de hausse de prix – est trois fois plus fréquente à San Francisco qu’à Manhattan, où la densité de chauffeurs est supérieure. Mais au lieu de stimuler l’offre, observent-ils, le mécanisme dissuaderait plutôt les usagers d’utiliser Uber au moment de pics tarifaires. «Faux, rétorque Thomas Meister. Le différentiel de coûts permet d’éviter de se retrouver avec aucun taxi la nuit ou les week-ends, en incitant les chauffeurs à sortir aux heures de pointe ou en dehors des horaires traditionnels.»

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Le dernier constat des informaticiens américains fait état d’un «surge price» moins fréquent qu’attendu. Il n’affecterait en réalité que 10% de tous les déplacements assurés par Uber aux États-Unis. Bilan: les efforts pour contrer l’algorithme produiraient des bienfaits souvent négligeables, selon eux.