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UBS rachète PaineWebber pour 10,8 milliards de dollars

Le rachat du groupe new-yorkais, détenu en grande partie par General Electric et Yasuda Mutual Life, devrait aboutir d'ici à novembre 2000. Les actionnaires de PaineWebber recevront 73,50 dollars par action, soit une prime de 47% par rapport au prix de clôture mardi

En rachetant l'américain PaineWebber pour 10,8 milliards de dollars (17,7 milliards de francs), le groupe suisse UBS a vu grand. Ce serait, selon l'agence financière Bloomberg, la plus grande acquisition d'une maison de titres américaine par un groupe étranger. Dans son interview du 3 juillet accordée au Temps, Marcel Ospel, patron d'UBS, déclarait déjà que ses ambitions tournaient désormais vers les Etats-Unis. C'est maintenant chose faite.

Le rachat du groupe basé à New York et détenu en grande partie par l'américain General Electric et le japonais Yasuda Mutual Life, qui ont déjà donné leur feu vert à la transaction, devrait aboutir d'ici à novembre 2000. Les actionnaires de PaineWebber recevront 73,50 dollars par action (119,8 francs suisses), dont la moitié en cash et l'autre en actions, soit une prime de 47% par rapport au prix de clôture mardi. UBS espère déjà récolter les fruits de cette acquisition l'année prochaine. Alors que le titre du groupe suisse dégringolait de 7,63% à 224 francs en fin de journée mercredi, celui de PaineWebber, au contraire, bondissait de 25% à 66,56 dollars.

Les analystes ont applaudi la transaction, mais le cours du titre UBS a été sanctionné par la Bourse. Une chute qui s'explique surtout par la publication des résultats préliminaires décevants du groupe suisse au deuxième trimestre (voir tableau ci-dessus). En légère baisse de 2% par rapport au premier trimestre, le résultat net d'UBS est passé de 2,216 milliards de francs à 2,163 milliards. Autre point noir: les premiers résultats concernant la croissance des avoirs restent peu satisfaisants et les affaires dans la banque privée, pénalisées par la mauvaise tenue du marché selon Marcel Ospel, ont enregistré une baisse de 18% comparé au premier trimestre.

Marcel Ospel relativise pourtant les choses. «Les résultats au premier trimestre étaient excellents et ceux du deuxième trimestre presque aussi bons», a-t-il déclaré lors de la conférence du groupe mercredi. Une performance qui, selon le grand patron, permet à la banque de s'embarquer avec confiance dans cette nouvelle aventure américaine. «Nous avons créé pour la première fois une franchise vraiment globale, orientée sur le segment des clients extrêmement riches» (affluent and high net worth individuals), a-t-il déclaré. Car en rachetant PaineWebber, c'est sur le roi de la clientèle privée qu'UBS a mis la main (lire ci-contre).

Un marché qui broie de l'or, principalement en raison du boom des fonds de pension à contribution définie (defined contribution, où l'employé supporte les risques de placement de sa pension pour la retraite). Les gens se rendent compte que leur gouvernement ne pourra plus les protéger comme avant et misent sur la Bourse pour assurer leurs vieux jours. Quoi de mieux, pour PaineWebber, que de se situer au centre de la gestion de ces avoirs, en particulier celle des clients fortunés? Alors que les avoirs financiers des ménages américains ont augmenté à un rythme annuel de 8% sur les 10 dernières années pour atteindre environ 33 000 milliards de dollars en l'an 2000, ceux de la clientèle de PaineWebber ont, en revanche, bondi à un rythme annuel de 21% au cours de la même période à 500 milliards de dollars. Au premier semestre 2000, le groupe a enregistré une croissance nette des avoirs de ses nouveaux clients de 168 millions de dollars par jour.

PaineWebber sera entièrement intégrée dans UBS Warburg, la division banque d'affaires du groupe suisse. Suite à l'acquisition, environ la moitié des avoirs de la clientèle privée proviendra des clients ultra-riches américains, 15% de la Suisse et 35% du reste du monde.