En 2005, 700000 enfants ont été infectés par le virus du sida. Durant la même période, l'Organisation mondiale de la santé a recensé 200 décès d'enfants en Occident et 570000 dans les pays en voie de développement. Pour les adultes, il y a les trithérapies. Les porteurs de virus vivent mieux et plus longtemps même si ces médicaments n'éradiquent par la maladie. En revanche, il n'y a aucune formulation pédiatrique de la trithérapie digne de ce nom. Les laboratoires de recherche ne s'y intéressent pas car le nombre d'enfants atteints de la maladie a considérablement diminué dans les pays occidentaux, grâce à une meilleure prise en charge des mères séropositives. Par contre, en Afrique, en Inde ou dans certains pays d'Asie, les parents n'ont pas d'autre choix que de donner à leurs enfants des médicaments pour adultes. Ils les écrasent car ils sont trop gros pour être avalés et les mélangent parfois à du sucre. Si cela est fait correctement, un enfant peut gagner deux kilos par mois. Or, cette méthode comporte un risque de surdosage pouvant s'avérer toxique ou de sous-dosage pouvant engendrer l'apparition de souches résistantes du virus.
D'entente avec la clinique Connaught de Zimbabwe, la Fondation Mintaka a demandé à l'Ecole d'ingénieurs de Genève de mettre au point un outil de haute précision permettant de découper les comprimés de trithérapie. «Nous étudions par exemple une sorte de canif, avec une lame en acier de titane, que l'on peut donner aux familles afin qu'elles puissent découper elles-mêmes les comprimés en fonction du poids de l'enfant», note Robin Offord. Ce projet, qui a démarré il y a quelques semaines, pourrait se concrétiser d'ici au mois de juin. «J'espère que les enfants infectés par le virus du sida pourront grandir et mener une vie presque normale.»
Accouchement à risque
Autre combat de la fondation Mintaka: diminuer le nombre de décès chez la femme lors de l'accouchement. Si une femme sur 3000 meurt en couches dans certains pays industrialisés, une sur seize succombera en Afrique.
Les hémorragies expliquent très souvent ces décès. Normalement, dans de tels cas, on administre de l'oxytocine. Mais cette hormone n'est pas résistante à la chaleur. Or, la température d'une salle obstétrique dans un pays tropical avoisine souvent les 45° et les frigidaires font souvent défaut. «Nous pourrons modifier l'oxytocine pour qu'elle devienne résistante aux changements climatiques», explique Robin Offord. Elle pourra ainsi être plus facilement distribuée à travers toute la planète.