Radicalement suisse, il incarne le «Paradeplatz-Kapitalismus» non pas dans ses excès, mais dans sa tradition: celui du travail bien fait, de la fiabilité, de l’intégrité. Trois clés plus utiles aujourd’hui à UBS que celles de son logo. C’est d’ailleurs sur ces valeurs qu’il fonde sa mission dans le communiqué de presse publié ce matin.
Il est enfin une courroie de transmission évidente, sinon formelle, entre le Conseil fédéral et la banque. Ses liens avec le Département des Finances et avec le parti radical en font une sorte d’émissaire gouvernemental à la tête d’UBS, sans doute plus efficace que la nomination d’un représentant du gouvernement au sein du conseil d’administration.
On ne s’étonne donc pas que Kaspar Villiger déclare avoir accepté cette mission «au service du pays et du peuple suisse», et non au service de la banque elle-même. Cette formule résume clairement la confusion des intérêts existant entre la santé d’UBS et la prospérité nationale, la seconde imposant sa suprématie sur la première. Elle dit aussi dans quel état d’esprit cette nomination doit être comprise: Kaspar Villiger est désormais un huitième conseiller fédéral, qui doit garantir dans la gestion de cette crise une corrélation aussi étroite que possible entre les enjeux politiques et économiques, entre les considérations intérieures et internationales. Dans ce rôle complexe, il serait difficile d’imaginer meilleur «casting» que le retraité d’apparence tranquille, mais à la poigne efficace, du Département des Finances.