Un petit robot en mission à l'école
éducation
La Journée du digital a été l’occasion d’annoncer des projets dans l’éducation. Car les enfants doivent être intégrés sans plus attendre dans le tournant numérique

Il est minuscule, ressemble à un aspirateur autonome miniature plutôt qu’à un androïde à la conquête des écoles. Pourtant, beaucoup attribuent déjà un rôle essentiel au robot Thymio: inclure, au plus vite, les enfants dans la révolution numérique. Cette petite machine développée à l’EPFL a été l’une des vedettes de la Journée du digital jeudi. Présenté dans des écoles primaires et dans des gares, il permet d’initier les écoliers à la programmation de façon ludique.
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Car, après l’identification numérique via SwissID en 2017, l’éducation a été LE grand projet annoncé cette année. «Deux élèves du primaire sur trois vont exercer demain une profession qui n’existe pas aujourd’hui», a rappelé Marc Walder, fondateur de Digitalswitzerland, l’association à l’origine de l’événement, lors d’une conférence de presse à la gare de Zurich. D’où l’importance de leur inculquer sans plus attendre des bases de la «pensée computationnelle», qui associe la résolution des problèmes de façon créative et la programmation.
«Impulsion décisive»
Accompagné du patron de Swisscom, Urs Schaeppi, et de celui de l’EPFL, Martin Vetterli, notamment, il est venu présenter un projet national pour l’éducation numérique, intitulé initiative pour la pensée computationnelle (CTI). Avec cette dernière, «nous voulons donner une impulsion décisive afin que les nouvelles générations puissent acquérir aussi vite que possible les compétences essentielles pour la transition numérique», a poursuivi Marc Walder, qui est également directeur général de Ringier (coéditeur du Temps). Les responsables visent à la fois la création d’infrastructures pour déployer l’initiative et des projets concrets dans des écoles. Certaines sont déjà au fait des évolutions numériques et utilisent Thymio ou d’autres moyens d’initier au code informatique. Mais cela ne doit plus être une exception. Le but de la CTI? Qu’à moyen terme, «au moins un enseignant devrait pouvoir enseigner la pensée computationnelle dans chacune des écoles primaires suisses».
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Le projet «concret» lancée jeudi concerne cinq écoles de cinq cantons (Lucerne, Schwyz, Uri, Tessin et Valais, soit trois régions linguistiques) qui recevront un appui particulier pour développer l’apprentissage de la programmation. C’est Swisscom qui soutient financièrement ce projet appelé «Alpes»: «Nous nous engageons car nous avons besoin de ces compétences. Il faut montrer aux jeunes que ces domaines sont passionnants et les motiver à faire des apprentissages», a argumenté Urs Schaeppi, son directeur général.
Apparition de Johann Schneider-Ammann
Soutenue par de nombreuses entités publiques et privées, dont des hautes écoles pédagogiques et des associations faîtières des enseignants, l’initiative CTI est aussi sous le «haut patronage» du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche, dirigé par Johann Schneider-Ammann. Le conseiller fédéral a ainsi fait une apparition par écran interposé pendant la conférence de presse depuis une classe découvrant le robot Thymio.
En Valais, les élèves de 7e Harmos de Bramois s’intient à #Thymio dans le cadre du #SwissDigitalDay en présence de @C_Darbellay, Chef du Département de l’économie et de la formation, et de @FMondada, le papa de @ThymioII. pic.twitter.com/jGGkHd78UN
— EPFL (@EPFL) October 25, 2018
La SwissID grandit
L’an dernier, c’était le «Matterhorn Projekt» de la Journée du digital. Un travail «herculéen pour créer une identité numérique qui soit sûre, digne de confiance et qui permette aux utilisateurs de contrôler leurs données», a assuré Marc Walder, introduisant également la deuxième conférence de presse à Zurich et annonçant que Ringier a rejoint l’initiative. La première étape s’adressera aux lecteurs du Blick, qui pourront se connecter via leur SwissID pour accéder au quotidien alémanique.
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Cette solution, qui permet de remplacer la multitude d’identifiants dont les internautes doivent se souvenir, compte déjà un peu plus de 500 000 utilisateurs. Un écran affichait l’évolution de ce chiffre en direct, montrant un gain d’une cinquantaine d’utilisateurs pendant les interventions. Un login est enregistré toutes les trois secondes en moyenne, a estimé Markus Naef, directeur général de SwissSign Group, la coentreprise qui développe SwissID. D’ici à la fin de l’année, il espère atteindre 750 000 utilisateurs, en les convaincant notamment de la sécurité de leurs données que l’entreprise assure en outre ne pas monétiser. Puis, en 2022, ce chiffre devrait dépasser 4 millions de personnes, prédit-il.
La Confédération surveille
Jeudi, la Banque cantonale de Lucerne a également annoncé qu’elle prenait une participation dans SwissSign, devenant ainsi la vingtième société rejoignant la coentreprise officiellement créée en mars dernier. Son lancement avait été annoncé il y a un an par La Poste, les CFF, Swisscom, UBS, Credit Suisse, La Mobilière, Raiffeisen, SIX Group et la Banque cantonale de Zurich. Ils ont ensuite été rejoints par d’autres acteurs de l’économie suisse. Si SwissSign est issu du secteur privé, l’Etat garde cependant un rôle: c’est la Confédération qui doit certifier et surveiller l’entreprise.
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Bourse d’hypothèques
La numérisation touchant tous les secteurs, la finance a aussi eu son annonce de coentreprise jeudi. Credit Exchange – ou CredEx de son petit nom –, une bourse pour les hypothèques, a été lancée par La Mobilière, Swisscom, Vaudoise, Clientis Zürcher Regionalbank et EY. L’idée: une plateforme d’enchères sur laquelle un propriétaire doit pouvoir obtenir plus rapidement un crédit hypothécaire qui soit «financièrement plus intéressant». Elle rassemblera les banques, compagnies d’assurances et caisses de pension.