«Avant de venir en Suisse, j’imaginais Zurich comme une ville très internationale. J’ai été surpris de voir à quel point le pays conserve une culture très locale», a déclaré Viktor Vekselberg mardi à Moscou lors d’un entretien avec les médias helvétiques. «Ma seconde surprise a été de voir comment est organisé le pays. En Russie, tout fonctionne de haut en bas, en Suisse tout va de bas en haut», a-t-il ajouté. Le système suisse lui apparaît parfois peu prévisible.

Le président de Renova, première société d’investissement privée en Russie, a aussi émis des critiques à peine voilée à l’adresse du gouvernement suisse. Depuis plusieurs mois, l’amende de 40 millions de francs infligée par le Département fédéral des finances (DFF) à Viktor Vekselberg empoisonne les relations entre Berne et Moscou. Cela d’autant plus qu’en septembre dernier Hans-Rudolf Merz, alors président de la Confédération, avait d’abord plutôt minimisé l’affaire lors d’un entretien avec le président russe Dmitri Medvedev.

Aucune rencontre avec Merz

Viktor Vekselberg déplore le manque de contacts avec l’ancien président de la Confédération. «J’ai déjà pu rencontrer de nombreux chefs d’État, mais je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer Hans-Rudolf Merz», regrette-t-il. En décembre 2009, Renova s’est vu infliger une amende de 40 millions de francs par le DFF pour n’avoir pas communiqué correctement une prise de participations dans Oerlikon lors du rachat de deux paquets d’actions à Victory. Un recours a été déposé auprès du Tribunal pénal fédéral (TPF) de Bellinzone.

Quelle que soit l’issue de ce dossier, l’homme d’affaires qui contrôle les groupes industriels alémaniques Sulzer et Oerlikon n’entend pas réduire ses investissements en Suisse pour autant. «Si je dois payer l’amende, je la paierai. 40 millions de francs représentent beaucoup d’argent mais cela ne n’empêchera pas de procéder à de nouveaux investissements», a poursuivi Viktor Vekselberg devant une poignée de journalistes suisses invités à Moscou par Oerlikon.

Viktor Vekselberg préfère penser à l’avenir. En mars, le pouvoir russe lui a du reste confié la supervision du développement de la nouvelle cité de l’innovation de Skolkovo, appelée à devenir une «Silicon Valley» moscovite. Prudent, Viktor Vekselberg, ne sous-estime pas l’ampleur du défi: «Le projet Skolkovo s’apparente aux principes du capital-risque», considère-t-il.

Redynamiser Sulzer

En Suisse, il veut redynamiser les activités de Sulzer. Selon lui, «Sulzer est un groupe très lent», qui n’exploite pas assez «l’immense potentiel» du marché russe.

Les ambitions ne manquent pas non plus pour Oerlikon: sa filiale Balzers spécialisée dans les techniques de revêtement, a ouvert en mars un premier site de production à Elektrostal, une ville tout droit sortie de l’époque soviétique en bordure de Moscou. Ici, le contraste entre les installations dernier cri d’Oerlikon Balzers et les bâtiments désaffectés qui l’entourent donne une idée du reste du chemin à parcourir à l’économie russe sur le chemin de sa modernisation.