Une charte pour bousculer le débat politique
Forum des 100
«Le Temps» crée une charte de la transition écologique rassemblant les meilleures idées de citoyens et de décideurs sur le sujet. Ce texte sera soumis aux candidats aux élections fédérales cet automne

Prolonger les réflexions entamées au Forum des 100 et avoir une influence sur la vie politique suisse à l’approche des élections fédérales: c’est l’ambition de la charte imaginée par Le Temps.
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Misant sur l’intelligence collective, 650 décideurs politiques et économiques se sont donc réunis jeudi après-midi pour plancher sur la question de la transition écologique. Durant une heure et demie, ils ont échangé des idées sur cinq thématiques: transition énergétique, transition agroalimentaire, transition technologique, transition financière et transition socioéconomique et politique.
Un Greenpeace de la finance?
Les tables sont garnies de blocs-notes, stylos, post-it colorés. Les groupes sont constitués. Le brainstorming peut commencer. Aucune méthode n’est imposée. Seul mot d’ordre: pas de critique, afin de favoriser la créativité. Pour lancer les débats, trois orateurs présentent leurs idées en cinq minutes chrono. Certains enchaînent avec leurs arguments, d’autres consignent soigneusement leurs idées avant de les partager. Un groupe s’essaie même au jeu de rôle.
Chacun s’appuie sur son expérience personnelle et professionnelle pour présenter ses arguments. Il y a bien quelques désaccords mais le ton ne monte pas. Dans les discussions, la Suisse est régulièrement comparée à ses voisins et beaucoup insistent sur la nécessité de repenser totalement le système économique.
A chaque table, un médiateur organise le travail pour que les groupes parviennent à dégager trois idées phares. Exemples: la création d’un Greenpeace de la finance ou encore la mise en place d’un outil technologique pour que les ménages puissent mesurer leur empreinte carbone. L’éducation et l’idée d’une taxe «verte» occupent une grande partie des débats.
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Johan Rochel aux commandes
Le maître d’œuvre de ce grand «brainstorming» s’appelle Johan Rochel. Le docteur en droit et philosophe sera chargé de la rédaction de la charte. «Pour le moment, je ne sais pas quelle forme elle prendra exactement. Ces débats thématiques servent à amorcer le processus. L’objectif, c’est de démontrer que la transition écologique ne se résume pas à la question climatique, mais qu’elle réunit les enjeux politiques et sociétaux», commente-t-il.
Après ce premier «tri», Johan Rochel et son équipe devront encore compiler, digérer et hiérarchiser ces idées pour établir une première version de la charte. Entre mi-mai et mi-juin, sept débats participatifs seront organisés dans six cantons romands et le Jura bernois pour associer les citoyens à cette grande introspection.
Les débats seront enregistrés, puis passés au crible par Johan Rochel pour produire le texte définitif d’ici à la fin de l’été. «Le but de cette charte est d’inscrire la transition écologique à l’agenda politique», insiste le chercheur. Les candidats aux élections fédérales d’octobre seront invités à se positionner sur le texte. «Au-delà d’un accord ou d’un désaccord, l’objectif est qu’ils débattent.»