Une collection exigeante consacrée à l’art suisse
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Comme d’autres entreprises suisses, Nationale a sa collection d’œuvres d’art
Ce fut, dès le départ, un projet de mécénat. «Il l’est toujours soixante-huit ans après», assure Andreas Karcher, curateur de la collection d’art de Nationale Suisse. Dans l’entrée du siège bâlois, l’homme à l’origine de cette démarche, Hans Theler, veille sur les siens, complice d’une installation de Bernhard Lüginbühl qui occupe la cour intérieure. Son portrait brossé par Varlin en 1963 montre un être résolu, cigare à la main, nœud papillon serré. Sans concession. Andreas Karcher continue: «Varlin en a fait plusieurs versions. Hans Theler n’en voulait pas. C’est son fils, René, qui l’achètera par la suite.»
Affaire de passion
Chez Nationale, l’art est motif d’affaires mais aussi affaire de passion depuis 1943. Depuis que Hans Theler, alors président du conseil d’administration, a décidé d’y consacrer une partie de son temps et d’investir pour la compagnie. Sa première acquisition, accrochée dans le bureau de la direction, est «Blick von der Mohrhalde» de Hans Sandreuter, vue de la fin du XIXe sur le village de Riehen où brille désormais la Fondation Beyeler.
La collection est entièrement consacrée à l’art contemporain suisse. Elle se veut exigeante, loin d’un art consensuel. Dérangeante parfois avec les questions existentielles d’une Eva Aeppli et ses figures d’homme figé qui contemple une installation de Jean Tinguely. Gérée par un curateur et une spécialiste en art, la collection compte 1500 œuvres, d’Auberjonois à Sylvie Fleury en passant par Miriam Cahn, concentrées autour de l’abstraction figurative expressive, de l’art concret ou l’expressionnisme du Groupe Rot-Blau représenté par Hermann Scherrer. «Dès les débuts, cette collection s’est démarquée par sa prise de risques, des choix pas toujours évidents, loin des Anker ou Hodler», apprécie l’historien d’art Simon Baur. Le rapport étroit des Theler avec les personnalités de la scène artistique bâloise se retrouve dans la philosophie de cette collection.
Une œuvre à choisir
Les collections d’entreprises suisses sont nombreuses, mais toutes ne sont pas connues du public. La démarche de Nationale fut l’une des premières, démarrée en pleine guerre mondiale. Depuis, nombre de banques privées, de compagnies d’assurances ou de sociétés du tertiaire assument ainsi leur responsabilité sociale. Aujourd’hui, une partie de la collection de Nationale occupe les murs du siège sis à Bâle. Bien sûr, cette collection sert sa crédibilité en matière d’art, donc son offre d’assurances. Le budget annuel gardé secret permet d’acquérir «régulièrement» de nouvelles créations. A l’image du responsable de la communication, qui a choisi une vue de Paris d’Irene Zurkinden, les collaborateurs peuvent orner leur bureau d’une œuvre de la collection. Andreas Karcher précise: «L’idée est de nous confronter ainsi à des regards nouveaux.»