La 31ème conférence du Mind & Life Institute s’est tenue à Bruxelles mi-septembre. Son titre? «Power & Care». C’est la deuxième du genre en Europe après celle de Zurich en 2010 qui avait pour thème: «Altruism and Compassion in Economic Systems».

Quelle est donc la formule magique qui en fait un événement rare (il a fallu trois ans de travail pour la mettre sur pied), unique par son format, son contenu, ses intervenants et des plus inspirants?

Il s’agit en fait d’un dialogue, et pas n’importe lequel! Entre le Dalaï-Lama et d’éminents chercheurs reconnus mondialement, sur des thèmes aussi variés que l’écologie, les addictions, l’éthique, l’attention, la neuroplasticité, les émotions destructives, l’altruisme, l’économie, le leadership…

Entamé en 1987 par un trio visionnaire: le Dalaï-Lama, R Adam Engle, avocat et entrepreneur social américain et Francisco Varela, neuroscientifique chilien. Ce dialogue devient le Mind & Life Institute en 1990. Sa mission est d’intégrer neurosciences et bouddhisme et, entre autres, de développer un cursus en sciences contemplatives (400 bourses de recherche ont déjà été attribuées).

Le thème choisi pour cette édition bruxelloise, «Power & Care» est très ambitieux. La tension entre ces deux forces est on ne peut plus d’actualité et se traduit par une intensité émotionnelle palpable parmi les deux mille participants.

Des experts en éthologie, anthropologie, écologie viennent tour à tour présenter l’avancée de leurs travaux au Dalaï-Lama. Puis, ce sont des psychologues, endocrinologues, psychiatres et spécialistes en neurosciences. Les représentants des différentes religions apportent également leur éclairage. Les économistes, businessmen et militants enrichissent l’échange de leurs perspectives et aussi pour la première fois des artistes.

Le Dalaï-Lama n’intervient pas en tant que leader politique ou spirituel mais plutôt comme expert de l’être humain, de sa psychologie et de ses émotions. La qualité exceptionnelle de sa présence et de son écoute sans préjugés ni dogmatisme crée un lieu d’expression très particulier. Il s’exprime finalement peu mais se nourrit de tout ce contenu scientifique et académique qu’il utilise ensuite lorsqu’il s’adresse à tous, bouddhistes et non bouddhistes confondus.

Lorsqu’il se présente lui-même comme un simple moine il contribue d’emblée à mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Au-delà des discours d’experts, il fait émerger le langage du cœur!

Il y a en effet peu de place pour les ego surdimensionnés lors de ces dialogues! Les scientifiques comprennent spontanément qu’ils ne sont pas là pour briller mais pour partager, transmettre, inspirer. A côtoyer le Dalaï-Lama tous ont gagné en humilité!

Certains orateurs décident d’ailleurs, au dernier moment, de ne pas utiliser leur présentation formelle et préfèrent témoigner de leur expérience en toute simplicité. Dans le public les «standing ovations» se succèdent, venant saluer leur authenticité et leurs prises de positions.

Au fur et à mesure des présentations «Power» and «Care» s’unissent pour devenir «Power of Care» et «Power to Care». Finalement le véritable leadership est celui qui prend soin de l’environnement et des êtres humains!

Dans sa conclusion le Dalaï-Lama rend un hommage tout particulier aux femmes qui s’impliquent et travaillent sur le terrain incarnant ainsi la combinaison entre force, énergie et affection. Il nous encourage également, tout comme Gandhi le suggérait, à prendre nos responsabilités et à procéder en nous-même aux changements que nous souhaitons pour un monde meilleur. Enfin il lance un appel aux medias. «Cessez de communiquer la négativité et concentrez-vous sur les bonnes nouvelles, vous avez le pouvoir de faire le bien!». Pour écouter les sessions: powerandcare.org et en savoir plus sur les réalisations de l’organisation: mindandlife.org