Les différences les plus marquées concernent les produits laitiers
Sept jours après l’annonce de la Banque nationale suisse (BNS) qui mettait fin au taux plancher, renchérissant mécaniquement de 20% les prix en francs, Coop annonçait des baisses de prix sur plus de mille biens de consommation courante, effectives dans les jours qui ont suivi. Mais l’impact est pour l’instant limité, comme le révèle notre enquête sur le terrain.
Le Temps a sélectionné un panel de douze produits parmi la liste officielle des réductions publiée par Coop dans son magazine Coopération du 27 janvier, et comparé leurs nouveaux prix à ceux constatés au magasin Carrefour de Ferney-Voltaire (prix au 29 janvier). Derrière la formule de Coop annonçant des baisses «pouvant aller jusqu’à 20%», c’est une moyenne d’environ 8% que révèle le tableau.
Les produits frais (hors bio) y sont davantage représentés que les marques, essentiellement de produits laitiers. Sont notamment absentes les boissons alcoolisées de marque, «parce que nous avons encore beaucoup de stocks, achetés au taux de 1,20 franc. Nous le ferons dans un deuxième temps», explique un porte-parole de Coop. Bilan: 4 francs d’économie sur le panel retenu après rabais, contre plus de 17 francs si les articles avaient été achetés en France.
«Les efforts faits pour répercuter tout ou partie des économies réalisées sur les produits importés en euros sont un bon début, mais ils ne sauraient suffire à remettre en question le différentiel entre les mêmes articles selon qu’ils sont vendus en Suisse ou en France voisine», commente Zeynep Ersan Berdoz, rédactrice en chef du magazine Bon à Savoir. Même après rabais, une différence de 46% sur la somme totale à payer persiste entre Coop et Carrefour – elle aurait été plus proche de 75% si seuls des articles de marque avaient été retenus. Et ce tableau n’inclut pas de produits qui n’ont pas fait l’objet d’une réduction: une capsule Nespresso de Rosabaya de Colombia coûte 46,2% moins cher sur le site français, une boîte de Ricola entre 20 et 25% de moins.
Zeynep Ersan Berdoz rappelle qu’une étude de Bon à Savoir de septembre 2011 avait conclu à des différences entre les prix affichés par une même chaîne selon qu’elle vendait en France ou en Suisse allant de 25,7% (Lidl) à 44,8% (Aldi), Migros et Casino affichant alors respectivement 31,2% et 42,2%. «J’espère que les réductions iront au-delà de l’effet d’annonce, qu’elles seront durables et que le consommateur sera vraiment le gagnant. Donc que les distributeurs répercuteront effectivement la totalité des économies réalisées sur leur approvisionnement en euro et ne les compenseront pas par des hausses sur d’autres produits», conclut Zeynep Ersan Berdoz.
«J’espère que les réductions iront au-delà de l’effet d’annonce et qu’elles seront durables»