Un mois dans «la piscine» dès le 7 juin 2021, ça vous dit? Il n’est pas question ici d’eau et encore moins de détente, mais bien du surnom donné au mois d’immersion de l’Ecole 42 qui verra le jour à Lausanne l’an prochain. Des semaines qui feront office de test: ceux qui se distingueront intégreront l’école, destinée à former gratuitement des développeurs informatiques, pour une durée de trois ans. Le premier campus du genre a été fondé en 2013 par l’homme d’affaires Xavier Niel à Paris.

Cette formation devrait répondre à un besoin en Suisse, estime Christophe Wagnière, directeur de l’Ecole 42 Lausanne et ancien responsable de la direction des systèmes d’information à la HES-SO. «Nous manquons d’informaticiens. Les nouveaux diplômés ne compensent même pas de moitié les départs à la retraite.» Le président de ce nouvel établissement sera Serge Reymond, ex-membre de la direction générale de l’éditeur zurichois TX Group.

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Des particularités suisses

L’Ecole 42 étant une franchise, ce nouveau campus est donc une extension du modèle parisien, comme il en existe une quinzaine d’autres dans le monde. Des particularités suisses? «Chaque école peut amener sa couleur. Nous travaillerons notamment sur les enjeux liés à la cybersécurité et aux façons de développer en tenant compte de la durabilité», précise Christophe Wagnière.

L’école se veut ouverte, puisque gratuite et sans condition de diplôme. Mais elle n’en reste pas moins très compétitive, comme en témoignage déjà la fameuse «piscine», à laquelle participeront ceux qui se seront au préalable montrés performants à un test cognitif en ligne. «Ce mois est très intensif: les participants travaillent 12-13 heures par jour, week-ends compris. Beaucoup n’ont jamais fait de développement», détaille Christophe Wagnière. Un tiers d’entre eux, soit 150 ou 200 étudiants, seront choisis pour intégrer l’école. Trois piscines auront lieu durant l’été 2021.

Elitiste? «Exigeante, préfère Christophe Wagnière. On assume le côté compétitif, on veut des gens efficaces parce qu’ils auront de grandes responsabilités, mais on les sélectionne sans a priori: peu importe s’ils étaient mauvais à l’école ou s’ils avaient un autre métier avant.»

Un grand jeu d’apprentissage

Quant à la pédagogie, est-elle aussi hors du commun? «Il n’y a pas d’enseignants ou de cours, mais une équipe pédagogique – de Paris – qui prépare un grand jeu d’apprentissage, elle crée des conditions motivantes, révèle Christophe Wagnière. Il faut résoudre des énigmes, répondre à des questions. C’est l’inverse d’une logique avec l’enseignant qui détient la vérité. La matière existe, mais elle est un peu cachée; les étudiants vont, par exemple, chercher les informations en lisant un livre ou en regardant une vidéo.»

L’école sera située à Lausanne ou dans les environs, au cœur d’un écosystème de start-up. Elle sera financée par Romande Energie, Swisscom et Open Web Technology, entre autres. Le budget prévu est de 7 millions de francs sur cinq ans.