Transfert de la prévoyance collective
Ce qui n'empêche pas certains spécialistes de critiquer une politique trop tournée vers la génération de flux de liquidités (cash-flows) à tout prix. Et de craindre par conséquent le retournement du cycle tarifaire dans l'assurance non-vie. Car si les prix augmentent encore dans les affaires de responsabilité civile, ils sont en passe d'atteindre leur point culminant dans d'autres secteurs, avec une «tendance à la baisse sur les gros risques immobiliers».
Le cyclone Charley, qui vient de dévaster le sud des Etats-Unis, est venu rappeler dans la douleur que les conditions propices aux assureurs ces dix-huit derniers mois ne dureront pas éternellement. De loin le numéro un dans l'assurance commerciale en Floride, ZFS a dissipé les craintes en évaluant à 150 millions de dollars son exposition à la catastrophe naturelle. C'est que le groupe zurichois y est relativement peu présent sur la couverture des dommages matériels causés aux voitures et aux habitations. Le même jour, Swiss Re, deuxième groupe mondial de réassurances, estimait à moins de 200 millions de dollars le montant des dommages à sa charge alors que le réassureur zurichois en difficulté Converium (ex-Zurich Re) évaluait sa part à moins de 25 millions.
Avec un volume de primes brutes en progression de 6% à 20,6 milliards de dollars (+1% en monnaies locales), le secteur des assurances dommages, ou non-vie, de ZFS s'est particulièrement bien mis en évidence, grâce au bas niveau de sinistres et aux hausses de prix de ces dernières années. Indicateur clé, le ratio combiné (total des sinistres et des charges rapporté aux primes) s'est amélioré à 96,7% (98,8% un an plus tôt). Si les efforts déployés pour alléger la structure des coûts dans l'assurance vie commencent à se faire sentir, «il reste beaucoup à faire pour que [ce] secteur atteigne les objectifs de rentabilité fixés», a admis James Schiro. Pour ce dernier, les assurances vie n'en restent pas moins intéressantes sur le long terme. En Suisse, ZFS cherche à réduire son exposition aux affaires de prévoyance collectives (LPP) par le transfert de ces activités vers la fondation de prévoyance Vita.
Pour assurer une bonne capacité à faire face aux revers, ZFS a dû injecter 1,5 milliard de dollars aux réserves non-vie au 1er semestre, portant celles-ci à 38,5 milliards. Due en partie à des affaires souscrites entre 1997 et 2001, cette injection a brièvement fait resurgir le spectre de Converium (ex-Zurich Re), sans inquiéter pour autant les analystes au vu des bons résultats présentés. Pour l'heure, l'une des préoccupations majeures affichées par James Schiro réside dans l'inefficacité du système juridique américain: «Pour chaque dollar d'indemnités versées à des victimes de dommages économiques, 60 cents sont absorbés par le système juridique alors que 20 cents seulement parviennent à la victime.»