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Une gestion plus rigoureuse permet à ZFS de multiplier par deux ses profits

Zurich Financial Services a publié jeudi ses résultats pour le premier semestre 2004. Son bénéfice net a augmenté de 93% à 1,45 milliard de dollars. James Schiro, son patron, tient sa promesse de rendre le groupe plus rentable. Mais les coûts sont encore trop lourds dans le secteur de l'assurance vie.

A l'instar de ses concurrents majeurs sur le Vieux Continent, le groupe Zurich Financial Services (ZFS) a comblé les attentes de la plupart des analystes jeudi. Porté par des conditions d'assurances encore très favorables sous l'angle des prix et des sinistres dans l'assurance non-vie, ZFS a présenté au premier semestre 2004 un bénéfice net de 1,45 milliard de dollars, doublant quasiment (+93%) celui enregistré un an plus tôt (752 millions). A titre de comparaison, le groupe français Axa a pratiquement multiplié par sept son bénéfice net semestriel à 1,44 milliard d'euros, soit dans des proportions voisines de celles de l'allemand Allianz (bénéfice multiplié par 8,8 à 1,3 milliard d'euros). «Je suis ravi de constater que notre redressement se poursuit par un sixième trimestre bénéficiaire d'affilée. Nous entamons maintenant la seconde phase de notre redressement», a commenté James Schiro, le patron américain du groupe zurichois.

Car le septième groupe d'assurances européen, en termes de capitalisation, revient de loin après sa reprise en main par le même James Schiro en mars 2002, année où l'exercice s'était soldé par une perte nette de 3,4 milliards. «Il n'est pas question de retomber dans les travers du passé. Nous ne sommes pas prêts à défendre nos parts de marché au détriment d'une croissance rentable», a-t-il martelé avec conviction. La progression globale des primes encaissées par le groupe a d'ailleurs été inférieure à 2% (à 26,4 milliards de dollars) au 1er semestre, compte tenu d'un recul de 10% (–18% en monnaies locales) dans les assurances vie, dû à l'abandon d'affaires non rentables.

Transfert de la prévoyance collective

Ce qui n'empêche pas certains spécialistes de critiquer une politique trop tournée vers la génération de flux de liquidités (cash-flows) à tout prix. Et de craindre par conséquent le retournement du cycle tarifaire dans l'assurance non-vie. Car si les prix augmentent encore dans les affaires de responsabilité civile, ils sont en passe d'atteindre leur point culminant dans d'autres secteurs, avec une «tendance à la baisse sur les gros risques immobiliers».

Le cyclone Charley, qui vient de dévaster le sud des Etats-Unis, est venu rappeler dans la douleur que les conditions propices aux assureurs ces dix-huit derniers mois ne dureront pas éternellement. De loin le numéro un dans l'assurance commerciale en Floride, ZFS a dissipé les craintes en évaluant à 150 millions de dollars son exposition à la catastrophe naturelle. C'est que le groupe zurichois y est relativement peu présent sur la couverture des dommages matériels causés aux voitures et aux habitations. Le même jour, Swiss Re, deuxième groupe mondial de réassurances, estimait à moins de 200 millions de dollars le montant des dommages à sa charge alors que le réassureur zurichois en difficulté Converium (ex-Zurich Re) évaluait sa part à moins de 25 millions.

Avec un volume de primes brutes en progression de 6% à 20,6 milliards de dollars (+1% en monnaies locales), le secteur des assurances dommages, ou non-vie, de ZFS s'est particulièrement bien mis en évidence, grâce au bas niveau de sinistres et aux hausses de prix de ces dernières années. Indicateur clé, le ratio combiné (total des sinistres et des charges rapporté aux primes) s'est amélioré à 96,7% (98,8% un an plus tôt). Si les efforts déployés pour alléger la structure des coûts dans l'assurance vie commencent à se faire sentir, «il reste beaucoup à faire pour que [ce] secteur atteigne les objectifs de rentabilité fixés», a admis James Schiro. Pour ce dernier, les assurances vie n'en restent pas moins intéressantes sur le long terme. En Suisse, ZFS cherche à réduire son exposition aux affaires de prévoyance collectives (LPP) par le transfert de ces activités vers la fondation de prévoyance Vita.

Pour assurer une bonne capacité à faire face aux revers, ZFS a dû injecter 1,5 milliard de dollars aux réserves non-vie au 1er semestre, portant celles-ci à 38,5 milliards. Due en partie à des affaires souscrites entre 1997 et 2001, cette injection a brièvement fait resurgir le spectre de Converium (ex-Zurich Re), sans inquiéter pour autant les analystes au vu des bons résultats présentés. Pour l'heure, l'une des préoccupations majeures affichées par James Schiro réside dans l'inefficacité du système juridique américain: «Pour chaque dollar d'indemnités versées à des victimes de dommages économiques, 60 cents sont absorbés par le système juridique alors que 20 cents seulement parviennent à la victime.»