La compagnie aérienne américaine United Airlines a commandé auprès de la start-up Boom Supersonic 15 avions supersoniques volant avec du carburant durable, relançant la perspective de voyages ultrarapides, stoppée avec l’arrêt du Concorde en 2003. Selon l’accord dévoilé jeudi, United achètera les appareils une fois que l’avion «répondra à toutes les normes (de la compagnie) en termes de sécurité, d’opérations et de respect de l’environnement». Elle a aussi pris une option sur 35 appareils supplémentaires.

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Si l’appareil, baptisé Overture, répond à toutes les normes, il pourrait transporter des passagers dès 2029 à Mach 1,7, soit deux fois la vitesse des avions de ligne les plus rapides actuellement. Ce qui permettrait à United Airlines d’effectuer un vol entre Newark, près de New York, et Londres en trois heures et demie par exemple.

Pour Jon Ostrower, de la publication spécialisée Air Current, cette annonce marque un tournant. «La dernière fois que United a commandé un avion supersonique, les humains n’avaient pas encore marché sur la Lune», a-t-il rappelé sur Twitter. En envisageant de nouveau de se déplacer à toute allure, United «va à contre-courant de la tendance la plus constante des compagnies aériennes depuis 50 ans: un désir de voler moins cher, pas plus vite», a-t-il ajouté.

Un projet coûteux et incertain

Japan Airlines a aussi posé une option sur 20 appareils de Boom Supersonic en 2017, mais il n’était pas alors prévu que les avions volent avec 100% de biocarburant. Aucune des deux compagnies n’a donné de détails sur les termes financiers des commandes. Par conséquent, «on ne sait pas s’il y a eu des versements partiels, si oui à quel niveau, ou si ce sont seulement des intentions d’achat», remarque Michel Merluzeau, du cabinet spécialisé AIR.

Or pour développer ce genre d’avions, il faut investir «10, 15 milliards de dollars», ajoute-t-il. «Il y a un réel doute dans l’état actuel des choses sur la viabilité de ce programme, qui est très intéressant mais qui émane d’une start-up qui n’a aucune expérience sur l’industrialisation d’un avion commercial dans un milieu hautement régulé».

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Il lui faudra surmonter de nombreux obstacles, dont les réticences liées aux nuisances sonores d’un avion passant le mur du son. Il devra aussi recevoir le feu vert des autorités pour voler à environ 18 kilomètres d’altitude, contre environ 12 kilomètres pour un avion de ligne à réaction.

La start-up américaine Aerion, qui travaillait également sur un projet d’avion supersonique avec notamment le soutien de Boeing, a jeté l’éponge en mai faute d’avoir pu trouver suffisamment de financements. Boom Supersonic a pour l’instant levé 270 millions de dollars auprès de divers investisseurs et passé un partenariat avec le fabricant de moteurs d’avions Rolls-Royce.

Un successeur au Concorde

S’il finit par décoller, Overture serait le premier avion supersonique à transporter des passagers depuis le dernier vol du Concorde en 2003. Cet appareil mythique avait toujours peiné à trouver son public en raison de ses coûts très élevés. En service de 1976 à 2003 chez British Airways et Air France, il était en effet très gourmand en carburant et n’a jamais été un programme rentable pour les compagnies britannique et française.

Mais c’est l’accident d’un Concorde d’Air France en 2000, peu après son décollage de Paris, qui avait précipité la fin de son exploitation. La tragédie avait fait 113 morts.