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Mais si les Suisses sont de plus en plus nombreux à faire le pas, tous ne font pas le grand saut. Car ces véhicules sont devenus précieux. Même sur le marché des occasions, il faut compter au moins 40 000 francs, parfois jusqu’à 80 000 francs, pour les très prisés VW California. Un camping-car neuf peut, lui, valoir entre 50 000 et 200 000 francs. Autre signe d’une rareté sans précédent, les délais de livraison atteignent six, neuf et parfois douze mois, selon les modèles.
Quelques clics pour essayer
Mais il est aussi possible, à raison de 150 à 200 francs par nuit environ, d’emprunter un camping-car ou un bus aménagé pour quelques jours. Et ce segment bien particulier de l’économie du partage fait le bonheur de MyCamper. Le site de la start-up bâloise met en lien propriétaires et campeurs occasionnels. La plateforme, où se regroupent désormais plus de 1200 véhicules à la location, a donné lieu à quelque 5000 transactions l’an dernier.
Fondée en 2015, MyCamper affiche une croissance de son chiffre d’affaires qui en dit long sur la dynamique de la van life: +1900% en cinq ans. En 2020, ses revenus ont progressé de 172%. Une performance qui lui permet de figurer en tête du classement des sociétés suisses à la plus forte croissance. Le Financial Times, qui a réalisé ce classement et l’a publié début mars, montre que MyCamper figure au 53e rang, sur 1000 entreprises en Europe.
Dans le secteur Voyages et loisirs, la start-up se place deuxième, derrière Swapfiets, la plateforme néerlandaise de vélos en libre-service. «Cela nous offre une certaine crédibilité, notamment auprès de futurs investisseurs, se réjouit son directeur, Michele Matt. Mais je ne pense pas que cela nous amène de nouveaux clients.»
La valeur de ces véhicules d’occasion se déprécie très peu par rapport aux véhicules de tourisme traditionnels. Cela constitue donc aussi un bon investissement
Laurent Pignot, porte-parole du TCS
MyCamper n’en a pas vraiment besoin. En février et en mars, la croissance de ses revenus, générés par une commission de 20% sur chaque transaction, atteignait 500% par rapport à 2020. Les données collectées par le site permettent également d’en savoir plus sur les habitudes d’utilisation. L’on apprend par exemple que les propriétaires mettent à disposition leur véhicule à raison de trente-six jours par an en moyenne. Et que les locataires partent en général entre huit et neuf jours avec ces maisons de vacances à moteur.
Les clients de MyCamper sont majoritairement des quadras. Ils partent soit en famille, soit en couple. Et ils disposent d’un certain pouvoir d’achat, détaille Michele Matt. Outre l’offre importante de véhicules disponibles, c’est l’un des arguments qui ont poussé la start-up à concentrer son expansion dans les pays scandinaves – deux de ses 26 collaborateurs sont désormais basés à Stockholm.
Un bon filon
De l’avis de Laurent Pignot, porte-parole du TCS, le phénomène attire non seulement des populations plus diverses que ce que reflètent les données de MyCamper, mais il s’inscrit dans un mouvement plus large. «Avant la pandémie, cela faisait déjà quatre ou cinq ans que le marché du camping était en forte croissance.» La crise sanitaire, elle, n’a fait que renforcer l’envie d’espace et de nature, et plus prosaïquement, le recours à la mobilité individuelle, au détriment des transports publics comme l’avion. «On y retrouve des personnes qui étaient adeptes des voyages lointains et qui ont changé de perspective, mais qui ne veulent pas forcément renoncer à un certain confort.»
Et même si certains de ces nouveaux campeurs viennent à délaisser leur nouvelle passion plus rapidement que prévu, ils trouveront preneurs. Sur MyCamper, ils sont d’ailleurs quelques-uns à avoir flairé le bon filon et à avoir décidé d’en faire un petit commerce. A l’image de ceux qui s’improvisent professionnels de l’immobilier de vacances sur Airbnb. «Une vingtaine de véhicules sont concernés, cela reste très minoritaire», tempère Michele Matt.
A la revente, «la valeur de ces véhicules d’occasion se déprécie très peu par rapport aux véhicules de tourisme traditionnels, conclut Laurent Pignot, du TCS. Cela constitue donc aussi un bon investissement.»