Dans une période de tensions commerciales grandissantes avec son principal partenaire depuis la fin du mois de janvier, la Chine se veut rassurante: l’entrée en fonction du nouveau gouverneur de la Banque populaire de Chine (PBoC), Yi Gang, employé depuis 1997 au sein de l’institution bancaire, et de Liu He en tant que vice-premier ministre, responsable des Affaires économiques et financières, à la suite de sa montée en puissance depuis ses débuts en tant que conseiller économique de Xi Jinping, amène davantage de support aux hautes instances du gouvernement chinois. Ce dernier souhaite réduire l’envolée du risque de crédit en rapport à l’endettement du secteur non financier et essaie de mettre fin au système bancaire parallèle (shadowbanking system) qui reste soutenu en Chine. Des mesures préventives ont donc été prises afin d’y faire face.

Les instances de régulation bancaires et des assurances, qui représentent ensemble une industrie estimée à 43 milliards de dollars, vont ainsi être fusionnées, dans le but de rendre le cadre réglementaire plus solide et efficace, et de limiter ainsi l’apparition de risque systémique au sein du secteur financier. La seconde mesure confère un pouvoir législatif à la banque centrale, qui se voit ainsi capable de soumettre de nouvelles lois financières aux dépens de ces établissements réglementaires associés. Un fait relativement inédit au sein du secteur bancaire et financier.

Le secteur manufacturier se reprend

Pour l’instant, l’économie chinoise s’est montrée résiliente cette année, soutenue par des données économiques solides, et qui ne laissent pas entrevoir une quelconque défaillance. En effet, les chiffres le prouvent: revigoré par une inflation stabilisée à un niveau raisonnable et en ligne avec les objectifs fixés par la PBoC à 3%, soutenu par une balance commerciale robuste et maintenue à 17 milliards de dollars en moyenne mensuelle depuis le début de l’année, l’Empire du Milieu détient toujours un excédent commercial avec son partenaire américain.

Par conséquent, les attentes de croissance pour l’économie chinoise restent favorables pour le troisième trimestre. Malgré un léger repli de l’indice des prix à la production – une mesure utilisée comme indicateur avancé des prix dans l’ensemble de l’économie domestique, et dont la dernière baisse s’explique notamment par la récente campagne antipollution lancée à travers le pays –, le secteur manufacturier chinois, principal moteur de croissance dans le pays, continue de se reprendre après la forte baisse de février 2016. De ce fait, nos attentes de croissance du produit intérieur brut pour le premier trimestre sont maintenues à 6,80%, en ligne avec l’évolution des deux trimestres précédents.

Cependant, les perspectives à plus long terme ne sont plus aussi prometteuses qu’auparavant. L’économie chinoise devrait montrer quelques signes de faiblesse dans les mois à venir. Ce raisonnement est notamment soutenu par un effondrement des exportations qui mettrait ainsi à mal les principales industries exportatrices du pays. Il est néanmoins probable que les barrières tarifaires annoncées, mais non appliquées jusqu’ici par l’administration Trump, soient uniquement un levier permettant de se présenter en position de force lors de prochaines négociations sur les questions de propriété intellectuelle et d’accès au marché chinois.

Menaces américaines

Une application des mesures reste selon nous un scénario inapplicable. L’application des droits de douane nuirait non seulement aux principaux intéressés, mais également indirectement à leurs partenaires commerciaux par effet de ricochet. De plus, depuis leur récent retour à la table des négociations concernant les accords transpacifiques, les Etats-Unis ont considérablement adouci leurs positions. Ce dernier élément suggère que les menaces proférées à l’encontre de la Chine resteront sans suite, tant les effets pour les Américains seraient désastreux. Cependant, les similitudes entre ces deux situations s’arrêtent là, puisque la Chine, consciente de son poids commercial dans l’économie internationale, ne s’est pas laissé faire et a répondu coup pour coup, discréditant de ce fait la stratégie d’intimidation de Donald Trump.