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La viande cancérigène? La filière suisse ne s’affole pas

Les grands acteurs de la filière relativisent l’effet de l’étude publiée par l’OMS sur la charcuterie et la viande rouge. L’an dernier, chaque Suisse a consommé 14 kg de viande bovine et 23 kg de porc

La consommation de viande rouge est en recul en Suisse, selon l'organisation. — © AP /J. Scott Applewhite
La consommation de viande rouge est en recul en Suisse, selon l'organisation. — © AP /J. Scott Applewhite

C’est du déjà vu! Les acteurs suisses de la viande contactés par Le Temps lundi, après la publication d’une étude de l'OMS qui conclut que la consommation de charcuterie est cancérogène et que celle de viande rouge l’est «probablement aussi», ont tous la même première réaction. En dépit du fait que cette annonce provienne, cette fois-ci, d’une organisation reconnue comme l’OMS, aucun d’entre eux ne s’affole ni ne prévoit de cellule de crise, pour limiter les dégâts sur l’image des produits carnés.

Pas de mesures spéciales

«Il n’est pas prévu de prendre des mesures spéciales», nous fait savoir le groupe Bell, numéro 1 de la filière suisse qui, l’an dernier, a réalisé un chiffre d’affaires de 1,86 milliard de francs dans le pays en y écoulant 121 000 tonnes de viande.

Le principal client (et actionnaire) de Bell en Suisse, c’est Coop, qui lui a acheté pour 1,4 milliard de francs de marchandise carnée en 2014. Le distributeur prend lui aussi le temps de la réflexion avant de se prononcer sur d’éventuelles répercussions sur ses ventes. «Nous avons commandé l’étude de l’OMS afin de l’analyser en détail», indique le groupe par courrier électronique.

Migros aussi, va «examiner les résultats avec ses experts internes et les acteurs du secteurs», selon une porte-parole. «Nous ne pensons pas qu’il y aura un effet immédiat sur notre chiffre d’affaire», indique-t-elle également.

«Ne pas devenir la nouvelle cigarette»

Au sein de l’interprofession de la viande Proviande, on ne panique pas non plus. Même si des effets à court terme sont effectivement prévisibles. «Demain, certains consommateurs ne mangeront peut-être pas de viande, concède son porte-parole, Marcel Portmann. Mais c’est déjà le cas. Nos études montrent que seuls 15% des Suisses en mangent tous les jours».

Seuls 15% des Suisses mangent de la viande tous les jours

Au-delà de l’effet d’annonce, des dommages à long terme sont à craindre, pour une profession qui pèse pour un quart du secteur agricole helvétique, mais qui souffre déjà de la baisse des cours du porc. «Ce qui nous inquiète surtout, poursuit Marcel Portmann, c’est que la viande puisse devenir la nouvelle cigarette. On condamne de plus en plus souvent ses effets, mais sans vraiment tenir compte de la quantité en question. Elle a pourtant une grande influence.»

52 kilos de viande par an

Le représentant en profite pour rappeler quelques chiffres. Des statistiques qui, insiste-t-il, mettent en exergue la modération des Suisses: dans le pays, chacun mange 52 kilos de viande par an. C’est environ 25 de moins qu’aux Etats-Unis, 15 de moins qu’en Espagne, 7 de moins qu’en Allemagne et 5 de plus qu’en Lituanie.

«Il y a déjà une prise de conscience que la mixité est la meilleure alimentation. Et c’est ce que nous promouvons aussi», conclut le porte-parole de Proviande.

Toujours selon les chiffres de l’interprofession, chaque Suisse a consommé 14 kg de viande bovine et 23 kg de porc, l’an dernier. Dans le commerce de détail helvétique, les ventes de charcuterie, de saucisses, de porc et de bœuf ont atteint 3,3 milliards de francs.